Quand un règlement européen affaiblit les producteurs... européens: "Je vais renoncer au bio ou délocaliser", peste un producteur de thé français

L'Union européenne veut renforcer l'exigence en matière d'arômes dans de nombreux produits. Problème, si les entreprises européennes sont sommés de se plier à ces nouvelles exigences dès 2022, les entreprises hors de l'UE pourront continuer à y importer leurs produits non conformes jusqu'en 2026.
Un nouveau règlement européen pourrait chambouler la production. Une directive prévoit de renforcer l’exigence de qualité des arômes utilisés pour fabriquer certains produits. Ainsi, dès le 1er janvier prochain, le goût fraise d’un thé devra être élaboré à partir de 95% d’arômes de fraises. Il ne sera plus possible de combiner plusieurs goûts pour en reconstituer un autre…
Mais deux problèmes se posent: d’abord cela coûte beaucoup plus cher, mais surtout plusieurs pays hors de l’Union Européenne vont bénéficier d’un délai supplémentaire pour se conformer à ce nouveau règlement. Dit autrement, une compagnie indienne, suisse, sud-coréenne ou australienne pourra continuer, jusqu’en 2026, à exporter sur le vieux continent des marchandises que les producteurs européens n’auront, eux, plus le droit de vendre à partir du 1er janvier 2022.
De quoi inquiéter les producteurs européens: "Le règlement n’est pas en cause, mais ça fait trois ans qu’on travaille à se mettre en conformité, on dépense beaucoup d’argent en R&D, avec les gens qui créent des arômes pour respecter la nouvelle réglementation. On y arrive mais parfois c’est impossible", déplore ce jeudi sur RMC, Sylvain Orebi, PDG de Kusmi Tea.
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Quand un règlement européen affaiblit les producteurs... européens: le coup de gueule du patron de Kusmi Tea sur RMC - "Soit je renonce au bio, soit je renonce à produire en France ; C'est scandaleux !"#ApollineMatin pic.twitter.com/Z6fvxcf5Bs
— RMC (@RMCinfo) April 8, 2021
"Je pense qu’il y a eu un lobbying de grosses maisons internationales"
"Et on découvre au détour d’une phrase du règlement qu’un tas de pays vont pouvoir continuer pendant 5 ans à produire comme aujourd’hui et à vendre contre nous en Europe. Où avez-vous vu une organisation créer des règlements contre ses propres membres ? c’est totalement absurde", s’insurge le producteur de thé.
Et pour l’instant, le législateur européen ne répond pas aux plaintes des producteurs lésés: "On va interpeller les autorités françaises avant tout mais je pense qu’il y a eu un lobbying de grosses maisons internationales", estime Sylvain Orebi qui craint de devoir désormais se délocaliser, après avoir ramené la production en France.
"Je produit tout dans la région du Havre. J’ai ramené la production qui était faite au Maroc, on a relocalisé, on a joué le jeu, on est content de le faire et on nous sort des règlements pour des gens qui produisent hors de l’UE. Je vais le faire, je vais repartir au Maroc, je vais délocaliser pour la partie des thés que je ne peux produire en Europe, à moins qu’on nous donne le même droit que les autres, en nous laissant comme eux produire nos thés jusqu’en 2026", craint le producteur de thé.
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