Quick... Dur à avaler !
Bonjour à toutes et à tous.
Je suis heureux de vous retrouver pour parler des fast-food halal.
Le premier Quick halal a été ouvert en juillet 2009 à Toulouse. Marseille a suivi, puis d'autres, dont celui de Roubaix en novembre dernier.
Dimanche dernier, plusieurs mois plus tard donc, débat ouvert à l'initiative de Marine Le Pen, opportuniste et candidate aux régionales dans le Nord-Pas-de-Calais ?
Marine Le Pen, qui sait débusquer les sujets polémiques, a lancé l'appât. Journalistes et politiques se sont précipités, d'abord prudemment, puis totalement, en avalant goulument cet appât, au point de mettre au même niveau le hamburger halal et le voile intégral. La République serait en danger, peut-on lire. Il faut fermer les 8 Quick halal au mépris de la liberté d'entreprise, parce que les tranches de bacon ont été remplacées par de la dinde... Halal.
Le maire de Roubaix, socialiste lancé à la poursuite des voix du Front National a déposé plainte. La France se déchire une fois encore. Pour nous à RMC, c'est "pain béni" (attention je risque gros...) le symbole religieux. Afflux d'appels. Tant mieux. Franchement, j'ai tardé à lancer le débat. C'est le dépôt de plainte du maire de Roubaix qui m'a décidé. Je relève donc quelques messages parmi les milliers que nous avons reçu.
Renault : "Tout ça me fait doucement rire. Je suis souvent allé manger au Quick avec mes amis musulmans. La viande n'était pas halal. Doit-on imposer le choix entre viande halal, cacher, ou autre, dans un restaurant classique où il n'y a ni halal ni cacher?"
Yvan: "En France, certains souffrent de malnutrition ou de malbouffe, faute de moyens financiers. Nous polémiquons autour de la méthode d'abattage des animaux. Franchement, ça a le même goût et les mêmes propriétés nutritives."
Joseph: "C'est une affaire de gros sous."
Justine: "Le problème est réel. Le religieux, qu'il soit catholique, musulman, juif ou autre s'introduit dans la vie publique."
Gérard : "Je boycotterai les Quick !"
Christian : "A quand les Quick cacher ?"
Ferhat : "On mange bien des kebabs et les kebabs sont halal !"
Patrick: "C'est une opération politicienne !"
Hagop : "Je vous écoute en Chine. Je suis à Yiwu, à 300 km de Shanghai. Que ceux qui se plaignent de la France viennent ici. Ils ne resteront pas longtemps. Moi je rêve de manger, halal ou pas, une bonne côte de bœuf sur le feu de bois."
Ces remarques donc, parmi tant d'autres.
Je sais aussi que vous ne partagerez pas tous mon point de vue, loin de là, mais je trouve cette polémique stérile. Si je n'ai pas envie de manger halal, je vais ailleurs que chez Quick. C'est une polémique pour pays riches. Et je pense par exemple aux Haïtiens qui se sont battus ces dernières semaines pour un bout de pain ou un peu d'eau. Ne soyons pas dupes : Quick ne pense qu'à son chiffre d'affaire, d'ailleurs, la direction de l'entreprise fera le bilan en septembre et ne tiendra compte que des résultats financiers, elle nous l'a dit.
La vérité, c'est que nous sommes manipulés. Là par les politiques, comme d'autres fois par les tenants de toutes les chapelles. L'acceptons-nous ? N'y a-t-il pas de débats plus prioritaires : l'emploi, les salaires, les retraites et tant d'autres. Ce qui m'intéresse, c'est la qualité de la viande et le rapport qualité-prix. Ma religion c'est une bonne entrecôte de Salers, de Bazas, du Charolais ou d'ailleurs... Si j'allais dans le Quick halal de Roubaix, mais je préfèrerais le bistrot du coin, je mangerais du poisson et je boirais de la bière.
A force de nous répéter que la société française, c'est la tradition, son histoire, sa culture, cette société se fige et n'évolue plus. Aujourd'hui, et pourquoi pas, et c'est heureux, un fast-food halal peut côtoyer un restaurant cacher, un bouchon lyonnais, ou un magasin bio pour végétariens. La diversité, n'est-ce pas l'avenir de notre pays? Savoir côtoyer l'autre sans passer notre temps à le juger, à le condamner. D'ailleurs qui condamne, sinon les extrémistes!
En revanche, si dans la cantine de l'école publique de mon fils, on ne sert plus de porc pour des raisons religieuses, je m'offusquerai.
Qu'en pensez-vous?
Jean-Jacques Bourdin.
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