Reconfiner ou attendre: retour sur la cacophonie en trois actes entre le gouvernement et le Conseil scientifique

Depuis dimanche, les Français attendent de savoir s'ils devront subir ou pas un troisième confinement. Mais au lieu d'avoir des informations claires, ils découvrent chaque jour de nouveaux rebondissements.
Dimanche matin, deux journaux, et deux titres opposés. D'un côté, Olivier Véran veut rassurer les Français”, c’est ce que disait Le Parisien. Et de l’autre “Reconfinement imminent”, c’était la une du Journal du Dimanche.
Le ministre de la Santé, dans un grand entretien, affirme en substance vouloir laisser sa chance au couvre-feu, et attendre de mesurer avec précision la diffusion des variants avant, éventuellement, de confiner. Mais selon le JDD, la décision est déjà actée. Emmanuel Macron doit même s’exprimer ce mercredi pour l’annoncer aux Français, croit savoir l’hebdomadaire.
Le soir même, Jean-François Delfraissy, Président du conseil scientifique, est l’invité de BFMTV et on se dit, en effet, qu’on y va tout droit.
“Il y a urgence. Plus on prend une décision rapide, plus elle est efficace. Il faudra probablement aller vers un confinement. C’est aux politiques de décider. Nous sommes dans une semaine critique”, assurait-il.
Lundi matin, pas de changement de ligne, Jean Castex est en visite à l’Agence régionale de santé d’île de France, il assure que des décisions seront prises cette semaine, et qu’il ne faut pas baisser la garde.
Changement de ligne ce mardi
C’est lundi après-midi que la situation bascule. Quand Emmanuel Macron fait savoir à quelques journalistes qu’il ne prendrait finalement pas la parole cette semaine, qu’il faut que les chiffres imposent une décision aussi dure qu’un confinement, et qu’il faut s’assurer de son acceptabilité par la population.
"On veut éviter à tout prix les contraintes qui pèsent économiquement", explique un proche du président de la République. D’ailleurs, les soldes ont débuté la semaine dernière et Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a déjà prévenu: si un troisième confinement était décrété, il serait quasiment impossible pour la France d’atteindre l’objectif de 6% de croissance en 2021. Autrement dit, Bercy met la pression. "Le virus ne se diffuse pas dans les commerces, donc il n’y a pas besoin de les fermer", souffle un conseiller ministériel, en s’appuyant sur le rapport du professeur Arnaud Fontanet, qui a enquêté sur les lieux de contaminations. "La fermeture des commerces, ce n’est pas le plus simple à gérer politiquement", euphémise de son côté l’entourage de Jean Castex. Car l’autre crainte, c’est bien que des commerçants, des coiffeurs, des libraires refusent de fermer et qu’un 3ème confinement devienne complètement ingérable.
C’était donc déjà difficile à suivre, mais nouvel épisode ce matin. 36h après sa prise de parole sur BFMTV, Jean-François Delfraissy se contredit lui-même, à la une de Libération. “Nous ne sommes pas dans l’extrême urgence, nous ne sommes pas à une semaine près”, dit-il.
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Il va même plus loin. Il affirme que l’on peut attendre le résultat des enquêtes de santé publique France sur l’efficacité du couvre-feu pour prendre une décision. Et dix lignes plus loin, il affirme, ce sont ses mots “ne pas croire que ce couvre-feu sera suffisant”. Il prend ensuite les exemples anglais et irlandais où seul un confinement dur a permis de limiter la propagation du virus.
Je résume, il y a urgence, mais pas tant que ça. Le couvre-feu fonctionne, mais pas tant que ça. En théorie, le conseil de défense sanitaire prévu demain matin doit accoucher de nouvelles décisions.
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