Remaniement: deux ministres au bord de la démission

EXCLUSIF RMC - A Matignon et à l'Élysée, on n'en revient toujours pas. Deux menaces de démission ont rendu impossible, hier mardi, le remaniement gouvernemental qu'impose la nomination de Christine Lagarde au FMI. Coulisses d'une foire d'empoigne.
Deux menaces de démission et une crise de nerfs. C'est le bilan d'une journée interminable qui a rendu impossible, hier mardi, la formation du nouveau gouvernement. Les deux menaces de départ sont signées François Baroin (ministre du Budget) et Bruno Le Maire (ministre de l'Agriculture). Hier midi, ce dernier était quasiment nommé à Bercy en remplacement de Christine Lagarde. On n'attendait plus que l'annonce officielle du FMI pour diffuser aux journaux de 20h, le communiqué de l'Elysée: « Bruno Le Maire est nommé ministre de l’Economie, François Sauvadet le remplace à l’Agriculture ».
« Ne pas me faire nommer serait une déclaration de guerre »
Mais c'était compter sans François Baroin. L'actuel ministre du Budget estime en effet qu'il peut cumuler deux fonctions. Et monter du 5ème étage du ministère des Finances au 6ème lui assurerait un tremplin hors-pair pour l'Elysée. Il se souvient qu'en 2004, Nicolas Sarkozy avait connu cette destinée. Or quand il a appris hier après-midi qu'il s'était fait doubler par Bruno Le Maire, il a immédiatement exigé de rencontrer François Fillon. Le message est clair: « Ne pas me faire nommer serait une déclaration de guerre dont je serais obligé de tirer les conséquences ». Mais pas question pour Bruno Le Maire de se laisser faire. Derrière son air tranquille, il fait habilement et discrètement campagne pour décrocher Bercy depuis un certain temps.
« Si c'est comme ça, je reste à l'Agriculture ! »
Sa carrière diplomatique, sa maîtrise des langues étrangères et ses excellentes relations avec l'Allemagne font de lui le favori pour le ministère des Finances, en pleine crise grecque. Lorsqu'il apprend que François Baroin monte au front, son sang ne fait qu'un tour. Lui aussi menace de claquer la porte. François Fillon lui propose alors le Budget comme lot de consolation. « Non », répond finalement l'intéressé. « Si c'est comme ça, je reste à l'Agriculture ! ».
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