Retour de la 4L, de la R5, développement de l'électrique... Renault peut-il se réinventer?

EXPLIQUEZ-NOUS - Le constructeur automobile Renault va présenter jeudi son plan de redressement. Le groupe va annoncer une révolution électrique et la relance de modèles historiques comme la R5 ou la 4L. Il s'agit d’essayer de rebondir après une année 2020 catastrophique.

Une “annus horribilis” comme dirait la reine d'Angleterre. Des ventes en baisse de plus de 20%, principalement à cause de l’épidémie, mais Renault a été plus impacté que ses concurrents.

Des déficits records. 7 milliards de pertes au premier semestre, alors que PSA gagnait de l’argent sur la même période. Des coupes dans les effectifs. 15.000 suppressions d’emplois annoncées l’été dernier, dont 4.600 en France.

Vous ajoutez l’année précédente un mariage raté avec Fiat Chrysler. Et le traumatisme du PDG Carlos Ghosn arrêté au Japon, qui a démissionné du fond de sa cellule.

Tout cela fait un tableau pas très réjouissant.

Le nouveau directeur général va donc tenter de redresser la barre

Il s’appelle Luca de Méo. Un italien ancien de Fiat et de Volkswagen. Il est en poste depuis six mois et il annoncera demain sa stratégie. Un plan nommé Renaulution. Un cabinet conseil a dû être payé très cher pour trouver ce nom. Renaulution.

Les grandes lignes du plan sont connues. Des économies. Moins de modèles pour Renault mais des modèles plus haut de gamme. Renoncer à la course au volume mais essayer de gagner plus d’argent chaque voiture vendue. Cela ressemble beaucoup à la stratégie mise en place par Carlos Tavares pour redresser PSA.

Le groupe va aussi parier sur l'électricité

Voilà et elle est là, la Révolution. Renault est déjà leader sur l'électrique grâce à la Zoé, la voiture électrique la plus vendue en Europe. La deuxième plus vendue dans le monde derrière la Tesla modèle 3. Mais le groupe va passer la vitesse supérieure. Avec de nouveaux modèles Hybrides rechargeables, et avec sans doute de nouveaux modèles très hauts de gamme vendus sous la marque Alpine. Des petites bombes qui accélèrent comme des Ferrari mais sans faire de bruit. L’idée c’est de marcher sur les plates-bandes de Tesla et prendre une part de ce gâteau : la voiture électrique futuriste très très chère.

Renault devrait relancer deux modèles mythique la 4L et la R5

Luca de Meo avait réussi un coup de maître chez Fiat en ressuscitant la petite Fiat 500 des années 60. Il va refaire le coup avec les deux best-sellers des années 60 et 70 de Renault qui vont revenir mais entièrement électriques. La nouvelle R5 sera plutôt haut de gamme. La 4L sera un modèle économique. La R5 c’est la voiture la plus vendue en France pendant 12 années consécutives, de 72 à 84.  Je parie que vos parents en ont eu.

La 4 L, c’est un peu plus ancien, c’est peut-être la voiture de vos grands parents. C’est celle de Louis de Funès et des gendarmes de Saint Tropez. En mode fourgonnette et en jaune c’était la voiture de La Poste. En bleu, c'était la voiture des agents d’EDF.

C’est la deuxième voiture la plus vendue de l’histoire de France derrière la 206 Peugeot. 8 millions d'exemplaires. En 1985, on a arrêté la chaîne de production de la 4L sur l'île Séguin à Boulogne. Il y a eu une petite cérémonie. J’y étais comme jeune journaliste. Il y avait un ouvrier qui avait 23 ans comme moi. C’était Philippe Martinez, le patron de la CGT.

Bref, avec ces nouvelles 4L et R5, Renault va faire du neuf avec du vieux, mais la marque va aussi monter en gamme, réduire ou arrêter le diesel, et se développer dans l'électrique.

En espérant sauver la marque !

Parce que Renault ne peut pas mourir. C’est comme Air France. Ce sont des marques qui sont ancrées dans l’inconscient collectif des Français. Ce sont les voitures de notre enfance, les dauphines, les R16, les Espaces, les Clio.

Renault, c’est ancré aussi dans l’histoire de la classe ouvrière. Jean-Paul Sartre disait qu’il ne fallait pas désespérer Billancourt. Plusieurs générations ont découvert ce qu'était le travail à la chaîne en lisant “Elise ou la vraie vie”.  

Renault c’est mai 68, 33 jours de grèves. C’est aussi l’affaire de la collaboration avec l’Allemagne nazie qui a entrainé la nationalisation-punition. Le fondateur Louis Renault est mort dans sa cellule en prison en 1944. Bref c’est une histoire Française.