Rupture

Depuis que je me suis séparée de mon mari, mon fils de 12 ans se met à refaire pipi au lit ! Comment expliquer cela ? Comment y remédier ? Est-ce lié à l’entrée dans l’adolescence ou à mon divorce ?
Brigitte Lahaie : Alors tout de suite j’ouvre la boite à question. Stéphane Clerget, depuis que je me suis séparé de mon mari, mon fils de 12 ans se remet à faire pipi au lit. Comment expliquez-vous cela et comment y remédier ?
Stéphane Clerget : Oui, c’est ce qu’on appelle une énurésie secondaire, une énurésie primaire c’est l’enfant qui n’a jamais été propre. L’énurésie secondaire c’est l’enfant qui se remet à faire pipi au lit. Et la souvent il y a un facteur, une cause ou un événement. C’est vrai que la séparation d’un couple peut être la cause d’un retour à l’énurésie de différentes manières. Soit parce que ça s’inscrit dans un tableau dépressif global et dans le cas d’une dépression il y a de la régression, on peut revenir au stade inférieur et notamment refaire pipi au lit. Après cela peut être des mécanismes plus inconscients et plus œdipiens. La place étant libre, l’adolescent de 12 ans ou le pré adolescent
B.L : Redevient le petit garçon
S.C : Redevient le petit garçon pour éviter d’être le partenaire de la mère. La crainte pourrait être là, donc il fait de son zizi non pas un fait bébé mais un fait pipi. Pour ne pas se sentir menacé par l’angoisse incestueuse.
B.L : D’accord et comment remédier à tout ça ?
S.C : Ca se résout très bien il faut absolument prendre en charge l’adolescent voir si il est triste par rapport à la séparation. Il faut que le père le soutienne dans son identité masculine et il faut que les choses soient bien claires qu’on dise bien au pré-ado que la place auprès de maman n’est pas libre. Il faut que maman maintienne une pudeur avec l’enfant, maintienne une certaine distance pour qu’il ne se sente pas angoissé par un rapprochement après si ça persiste il faut consulter un pédopsychiatre.
Comment rompre sans faire souffrir l'autre ?
Brigitte Lahaie : Frédérique Hédon, comment rompre sans faire souffrir l’autre ?
Frédérique Hédon : Ça c’est difficile, ça c’est très difficile.
B. L : Mais encore …
F. H : Déjà il ne faut pas se leurrer. Soit ça allait vraiment mal et ça simplifie les choses mais si ce n’est pas le cas, c’est toujours difficile de rompre sans faire souffrir. Par contre, je crois que ce qu’on peut faire c’est ne pas faire des reproches, c’est-à-dire ne pas faire une litanie de reproches en disant « tu n’étais pas ci, tu n’étais pas ça ».
B. L : Voilà c’est ça, donner la culpabilité à l’autre qu’on quitte. « C’est de ta faute si je te quitte ».
F. H : On peut dire des choses du genre « écoute, c’est moi qui ai besoin … » même si on le pense pas complètement mais si on ne veut pas faire trop souffrir… Déjà il ne faut pas oublier que quand on quitte quelqu’un, on souffre soi-même. Quand on arrête une relation, il y a forcément une déception. Si on arrête cette relation c’est aussi que l’on avait une dent contre l’autre quand même, parce qu’en général si on met fin, c’est que tout n’était pas rose. On a un peu tendance, j’allais dire, à vider son sac, j’ai envie de dire aussi c’est bien normal. Mais si on veut être le moins méchant possible, peut-être qu’on peut prendre un peu plus de responsabilité sur soi et essayer de ne pas en rajouter sur les épaules de l’autre en lui disant ce qu’on pense au fond de soi « tu ne m’écoutais pas, tu n’étais pas assez présent, t’étais trop dépensier ou trop radin ». Et on a une liste comme ça et peut-être qu’on peut la garder pour soi et pas la lui donner.
Comment surmonter la douleur d'une rupture?
Brigitte Lahaie : Pascal Neveu, comment surmonter la douleur d’une rupture lorsque celui ou celle qu’on aime nous quitte ?
Pascal Neveu : Quand on est quitté, on est toujours malheureux. Mais j’aurais tendance à y répondre de deux façons. La première est plus historique, si je puis dire, et même psychologique, c’est-à-dire que les ruptures sont inscrites au fond de nous. Les ruptures elles existent déjà au moment de la naissance, on se sépare de la mère, il y a le cordon ombilical qui est coupé, il y a ensuite des séparations de la mère pour attendre vers le père : la relation triangulaire, il y a une autre épreuve de séparation c’est au moment de l’adolescence : on se sépare de ses parents, puis il y a les relations amoureuses. Donc on vit et on subit tout un cortège de séparations. Si on les a plus ou moins bien vécues on va pouvoir supporter les autres. Maintenant, sur un autre versant psychologique, narcissique, on se pose beaucoup de questions parce qu’il y a l’idéal du couple qu’on voulait forger face à l’image et la représentation parentale qu’on voulait reproduire ou au contraire s’en différencier, il y a les raisons également de la séparation, il y a des choses qui sont extrêmement douloureuses. Donc très souvent une rupture c’est une épreuve, mais qui demande du temps.
B. L : Donc en gros il faut accepter sa tristesse, mais si on sent qu’on est envahi par sa tristesse il faut se faire aider.
P.N : Il faut se faire aider pour comprendre les émotions qui nous envahissent.
Comment annoncer à de jeunes enfants que l'on va divorcer ?
Brigitte Lahaie : Béatrice Copper-Royer, on va divorcer, comment on ça à ses jeunes enfants ? Jeunes enfants, pas ados.
Béatrice Copper-Royer : Déjà il faut leur annoncer ensemble quand on en a plusieurs, les enfants réunis et que les deux parents soient là encore ensemble. Et leurs parler de choses qui les regardent parce que les enfants, dans une annonce comme ça, sont surtout très inquiets de ce qui va leur arriver à eux, ils aiment aussi entendre parler de choses très pratiques du genre « où est-ce que tu vas habiter ? Comment ça va se passer ? Est-ce que je vais changer d’école, pas changer d’école ? », ça, ça les concerne au plus haut point et ne pas trop rentrer dans les détails de la crise conjugale, et du pourquoi du comment parce que ça pour le coup ça ne les regarde pas.
Lors d’une rupture amoureuse, que se passe-t-il dans notre cerveau?
Brigitte Lahaie : Le wikisex du jour, lors d’une rupture amoureuse, que se passe-t-il dans notre cerveau Lucy Vincent ?
Lucy Vincent : L’amour en fait c’est une sorte d’addiction qui se met en place dans notre cerveau. Tous les circuits qui sont impliqués dans une addiction à l’héroïne, sont impliqués aussi dans une histoire d’amour. D’ailleurs on sait quand on est amoureux, parce qu’on ne peut plus se passer de son partenaire. On en est addict, on ne pense qu’à ça. Et quand le partenaire s’en va, même juste pour quelques heures, on souffre. On a un syndrome de manque. Dans le cas d’une rupture, ce syndrome de manque est amplifié, de manière très brutale, et tout d’un coup, on n’a plus les endorphines qui sont libérées pour combler les récepteurs en attente, et on est en état de souffrance. Alors comment peut-on traiter ça ? Parce qu’effectivement, il ne faut pas rester passif et ne rien faire. Il faut activement combattre ce sentiment. Pour le faire, il faut sortir son cerveau de son contexte d’amoureux. C’est-à-dire, il ne faut plus porter les mêmes vêtements, aller dans les mêmes lieux, écouter les mêmes disques, manger les mêmes repas…
B.L : Il faut rompre avec ses habitudes ?
L.V : Exactement. Il faut se créer une vie de célibataire. C’est ce que l’on appelle tourner la page. Le plus vite on fait ça, le plus vite on reconstitue son cerveau autour de soi-même.
B.L : D’où cette fameuse plasticité du cerveau dont vous parliez.
L.V : Mais c’est tout à fait dans le même sens. Exactement.
B.L : J’imagine que c’est la même chose quand on subit un deuil. Au fond, il faudrait pouvoir changer nos habitudes. Alors c’est plus compliqué parce que l’on se sent coupable. Si tout d’un coup on enlève le cadre de celui qu’on aimait, et qui quelque part est toujours présent…
L.V : Il faut se laisser un petit peu de temps. On a besoin de souffrir de la mort de l’autre, mais il ne faut pas que ça dure trop longtemps. On ne se rend pas compte à quel point, cette plasticité du cerveau nous amène à construire un cerveau autour de tous les éléments qui constituent notre vie. . D’une certaine manière, notre cerveau fonctionne dans un contexte de données, et on peut le faire changer de fonctionnement, en changeant un peu à la pioche, des éléments extérieurs. Quand on change de travail, quand on change de loisir, quand on change d’endroit où l’on fait nos courses, on est en train de changer le fonctionnement de son cerveau, et on ne verra plus le reste de la même manière.
B.L : C’est assez contradictoire avec cette idée que l’on entend souvent : « quoi qu’il arrive on ne change pas ». Vous êtes en train de nous dire que tout change, au contraire.
L.V : Oui. Mais ce n’est pas la peine de changer radicalement tout, tout de suite. On peut le faire par petites touches. Quand on veut perdre du poids, je dis que la meilleure manière de faire, c’est de changer quelque chose qui a à voir avec notre alimentation dans notre vie, mais pas de s’obnubiler sur des régimes. C’est ridicule, on sait largement que ça ne fonctionne pas. Il faut faire différemment, donc essayer de changer notre façon de vivre la vie de tous les jours.