La Russie flambe, les cours du blé avec
Ce matin à 10h30,
Philippe Chalmain, professeur à l'université Paris Dauphine et spécialiste des matières premières, évoque la hausse des cours du blé et ses répercussions sur notre quotidien.
Le prix du blé flambe car la vague de chaleur en Russie est extraordinaire. Or la Russie est le 2ème exportateur mondial de blé, ce qu’on a tendance à ignorer trop souvent. Le Président Poutine a décrété la semaine dernière un embargo sur les exportations. A l’heure actuelle, on ne sait pas exactement quel est le pourcentage de la récolte russe qui est affecté mais Poutine a pris les devants. De ce fait, toutes les analyses qu’on pouvait faire sur les marchés il y a encore 1 ou 2 mois, dans lesquelles on avait à peu près un équilibre production/consommation à l'échelle mondiale se trouvent déséquilibrées. C’est cela que les marchés ont anticipé. C’est pourquoi on a vu le blé passer d’un niveau très bas au début de l’année, à 120€ la tonne voire 100€ la tonne à 220€, 210€ aujourd’hui. Cependant ces prix se trouvent encore assez loin des records atteints en 2008, où ils étaient montés à 300€ la tonne… Si les boulangers haussent le coût du pain aujourd’hui, c’est une escroquerie. Ils ont déjà fait le coup de la hausse du prix de la baguette durant l’été 2008, en invoquant la hausse du blé, la tarifant 10 centimes plus chère. Et ce, alors que dans une baguette le prix du blé c’est 5% à 6% à peine. Lorsque les prix du blé sont retombés en 2009, aucune baisse du prix de la baguette n’a été constatée. Par conséquent ils en ont largement sous le pied pour avaler cette hausse de prix qui, de toute manière représente 2 à 3 centimes. Pour les produits animaux, c’est un peu différent. A priori, ça ne concerne ni le porc ni la volaille puisqu’ils consomment du maïs. Ca pourrait concerner la viande bovine, mais il faut se rendre compte qu’ils sont relativement déprimés. L’impact n’en est pas direct… Tout comme sur l’ensemble du panier alimentaire, puisqu’aujourd’hui ce que nous mangeons essentiellement, c’est du service… Je fais partie de ceux qui pensent que le défi majeur du XXIème siècle, c’est le défi alimentaire. On a tendance à l’oublier car nous sommes dans des sociétés d’abondance, en Europe. Le problème, il est pour un certain nombre de pays du Tiers Monde. Ceux qui n’ont pas assez mis en avant leur politique agricole parce que c’est coûteux. Ils préféraient importer des produits peu onéreux, venant du marché mondial. Il faut le prendre comme un avertissement afin de rappeler aux hommes que d’ici 2 générations, nous devons être capables de multiplier par 2 la production agricole de la planète pour satisfaire nos seuls besoins alimentaires. C’est un défi autrement plus important que le défi énergétique ou environnemental…
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