Saint-Denis: le désespoir des familles de l'immeuble assiégé, toujours logées dans un gymnase

Toujours logés dans un gymnase, les 70 résidents de l'immeuble de Saint-Denis ravagé dans l'assaut du Raid et de la BRI mercredi dernier, se sentent délaissés par l’État. Au choc de l'assaut s'ajoute aujourd'hui la précarité de la vie dans un gymnase, avec une vingtaine d'enfants.
Il y a une semaine les explosions, les tirs, l'angoisse… et aujourd'hui un sentiment d'abandon et la vie dans des conditions précaires. Une semaine après l'assaut des policiers du Raid et de la BRI contre un appartement du centre de Saint-Denis dans lequel s'était réfugié notamment Abdelhamid Abaaoud, cerveau présumé des attentats de Paris, les habitants de l'immeuble, ravagé par l'assaut, sont sans solution de logement. Lors de l'assaut, 5.000 munitions ont été utilisées, et une explosion a fragilisé un mur porteur.
70 personnes, dont une vingtaine d'enfants, ont dû quitter leur immeuble quasiment en ruine. Toutes sont relogées dans un gymnase du centre de Saint-Denis, aidées par la Croix-Rouge.
"C'était horrible, horrible…"
Parmi ces 70 personnes, Priscilla. Cette maman et ses deux fillettes sont encore traumatisées par l'assaut du Raid. "On a levé la tête, on a ouvert la fenêtre et on s'est retrouvés tout d'un coup avec des snipers en face de nous, raconte-t-elle à RMC. Tout de suite après on s'est dirigés vers nos enfants pour les protéger sous le lit pendant 40 minutes. Ensuite, mon copain nous a cachés dans un placard pendant des heures. C'était horrible, horrible…"
Depuis une semaine, c'est une deuxième épreuve que passe la petite famille: la précarité de la vie dans un gymnase. "Ce n'est pas une vie mais on n'a pas le choix. On dort sur des lits de camps de militaires. On a froid, on a mal. Les lumières ne s'éteignent qu'à minuit alors que les enfants ont école le lendemain. Ça commence à faire beaucoup", se plaint Priscilla.
"On nous avait promis un logement définitif"
Pour l'instant, aucune solution de relogement durable n'a été proposée aux familles. Ce qui fait dire au maire de la ville, Didier Paillard, que "l'État n'a pas eu trop de compassion par rapport à ces familles". L'édile regrette d'ailleurs que "personne de l'État ne soit venu les rencontrer. Et je trouve que les choses ont été un peu longue".
Et puis, soudain, une voix vient troubler l'assistance. Un sinistré lit à haute-voix une lettre du préfet de Seine-St-Denis. "L'État vous propose une prise en charge adaptée à votre situation familiale, un hébergement hôtelier…". Soupirs de désapprobation des familles. Des chambres d'hôtel provisoires, et l'assurance que l'État va tenter de trouver des logements durables, sans calendrier fixe… pas suffisant pour Priscilla. "On n'acceptera pas les hôtels, il en est hors de question. Au début, un courrier nous disait que nous allions être relogés dans les 15 jours dans un logement définitif. On est oubliés".
Les familles demandent d'ailleurs à être reconnues comme victimes du terrorisme. Pour l'instant, elles ne sont reconnues que comme victimes d'un sinistre, comme une catastrophe naturelle ou un simple dégât des eaux.