Sarkozy-Royal : les retrouvailles

Ségolène Royal est de retour. Son culot aussi. Hier jeudi, comme prévu, elle s’est mise sur le chemin du Président en Charente. D’abord pas invitée, puis invitée in extremis par le préfet comme elle nous l’a dit hier matin, elle a assuré le spectacle. Elle a fait de la politique.
Oui, Ségolène Royal dans la salle, prenant le micro pour interpeller Nicolas Sarkozy sur la sécheresse et les paysans, c’est faire de la politique. Et ça a un certain panache. D’abord parce qu’on est dans une salle acquise largement à Nicolas Sarkozy. Alors ensuite on a eu droit à du Ségolène Royal… Une question de 7 minutes ! Une tribune sur l’agriculture interminable pendant laquelle on a eu droit à toutes les mimiques du Président, visiblement excédé par la longueur de la prise de parole. Un président qui répondra d’ailleurs à chacun des points de Ségolène Royal, avec manifestement une connaissance du dossier aussi précise que celle de son ex-rivale à la présidentielle.
Tout ça donnait des airs de déjà vu… Du déjà vu de 2007 ?
Oui enfin sauf qu’en 2007 justement, c’était un peu moins courtois. Et hier, on sentait que les deux étaient prêts à en découdre à nouveau. Ségolène Royal parce qu’elle veut sa revanche. Nicolas Sarkozy parce que tout ce qui peut compliquer la primaire entre les socialistes est évidemment bienvenu. D’ailleurs, commentaire, ironique, du président sur son échange hier avec Royal : « J'ai gardé un très bon souvenir de notre dernière rencontre en 2007 à la télévision ». Et pour cause, il l'avait finalement gagné, l'échange.
Et quelles sont les chances de Ségolène Royal aux primaires ?
Si elle continue comme ça, ses chances sont réelles. On l’a sans doute trop vite oublié. On peut trouver ridicule ce qu’elle a fait hier, ou pas. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a du culot et l’envie. Et ça en politique, c’est déterminant. La séquence d’hier permet de rappeler que Ségolène Royal n’est pas morte et qu’elle pourrait bien nous réserver des surprises au cours de la primaire socialiste. Les derniers jours ont encore montré sa très bonne capacité à réagir à l’actualité et aux préoccupations des Français, et à surprendre. Par exemple, sur le RSA et la proposition de l’UMP de faire travailler les titulaires du RSA à des travaux d’intérêt général, Royal a dit ne pas s’y opposer, contrairement à Martine Aubry. Elle a aussi obtenu l’adoubement de Jean-Pierre Chevènement mardi lors d’une réunion politique à Paris. « Entre Ségolène Royal et moi le courant passe », a-t-il dit. Bref, elle est encore loin dans les sondages, mais elle va faire campagne et occuper le terrain face à Martine Aubry et François Hollande. Elle y croit et elle ne doute de rien. C’est un bon début.
Ecoutez ci-dessous « Les coulisses de la politique » de ce Vendredi 10 juin 2011 avec Christophe Jakubyszyn et Jean-Jacques Bourdin :
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