Les secrets d'alcôve de Balzac
Danielle Dufresne, Claude Dufresne, auteurs de « Balzac et les femmes »
La trop brève existence de Balzac s'est déroulée sous le double signe de l'amour et d'une inlassable activité littéraire. Tandis qu'il réalise une œuvre grandiose, trois femmes vont jouer auprès de lui un rôle déterminant : Laure de Berny, la passion de sa jeunesse, puis Laure d'Abrantès, la maîtresse de son âge d'homme et enfin Evelyne Hanska " l'Etrangère ", la bonne fée de son crépuscule qui traverse l'Europe pour le rejoindre. Les relations avec ces trois femmes tissent les fils de sa prodigieuse destinée ; non seulement on retrouve leur présence dans ses romans, mais encore elles interviennent dans ses péripéties financières. Car elle est mouvementée, la vie de cet écrivain qui se croit un homme d'affaires et se lance dans de chimériques entreprises. Après chaque déconvenue, il repart vers d'autres aventures, tout en poursuivant son œuvre, véritable monument littéraire. Il faut un mot de passe pour entrer chez lui et ses maisons ont au moins deux issues. Avec cela, il aime le luxe, la bonne vie, les beaux objets, ce qui allonge encore la liste de ses dettes...
Balzac, une vie toute aussi débordante et bouillonnante que son oeuvre, par Octave Mirbeau
''J'adore Balzac. Non seulement j'adore l'épique créateur de La Comédie humaine, mais j'adore l'homme extraordinaire qu'il fut, le prodige d'humanité qu'il a été. Sa vie – du moins par ce que l'on en connaît – ressemble à son œuvre. On peut même dire qu'elle la dépasse. Elle est énorme, tumultueuse, bouillonnante. C'est un torrent qui a roulé de tout. Malheureusement, on la connaît peu... Bien des années de cette vie nous échappent, sûrement les plus intéressantes, puisque ce furent celles que Balzac se plut à dissimuler le mieux. Ainsi, nous lui connaissons quelques liaisons qui furent célèbres. Mais les autres ?... Mais toutes les autres ? Car ce fut un grand conquérant d'âmes. Il était courtaud, boulot, bedonnant, très laid : l'allure épaisse d'un chantre d'église. La première impression en était désagréable. Mme Hanska a dit que, lorsqu'elle le vit pour la première fois, elle eut honte de son enthousiasme et ne pensa qu'à fuir... Quoi ! C'était là cet homme sublime, ce héros ?
Comme tous ceux qui écrivent beaucoup, Balzac parlait peu... Mais, dès qu'il parlait, le charme opérait. Il y avait, dans sa parole, une telle autorité, une telle séduction, qu'on oubliait très vite ses disgrâces physiques. L'esprit rayonnait des yeux et donnait au visage de la beauté. Il avait conscience de sa force fascinatrice, comme il avait conscience de son génie. C'était, d'ailleurs, la même chose... Balzac créait de l'amour comme il créait un livre. Pas plus que les idées, les femmes ne pouvaient lui résister. Pourtant, j'ai sur lui ce détail intime et un peu ridicule, que la nature l'avait parcimonieusement armé pour l'amour. Il est d'autant plus beau que, n'ayant pas – ou si peu – de quoi satisfaire les femmes, il lui ait été donné, plus qu'à aucun autre, la vertu délicate et rare de les exalter. Quelqu'un qui a souvent rencontré Balzac me disait : « Quand on parlait femmes, il se gonflait d'orgueil et faisait la roue, comme un dindon... Mais il ne racontait jamais rien. » Malgré son infatuation, parfois comique, Balzac était infiniment discret. Il poussa la discrétion sur sa vie sentimentale jusqu'au mensonge, jusqu'au mystère, jusqu'aux complications un peu naïves du mélodrame. Il se vantait d'être chaste, pour mieux dérober ses vices et ses bonnes fortunes. (...)
La vie de Balzac ? Un permanent foyer de création, un perpétuel, un universel désir, une lutte effroyable. La fièvre, l'exaltation, l'hyperesthésie constituaient l'état normal de son individu. La pensée, les passions grondaient en lui, comme des laves en activité dans un volcan. Avec une aisance qui confond – une aisance, une force d'élément – il menait de front quatre livres, des pièces de théâtre, des polémiques de journal, des affaires de toutes sortes, des amours de tout genre, des procès, des voyages, des bâtisses, des dettes, du bric-à-brac, des relations mondaines, une correspondance énorme, la maladie. (...) Et il n'a vécu que cinquante et un ans !... Et non seulement il a accompli une œuvre prodigieuse, mais il en a rêvé, mais il en a préparé une plus prodigieuse encore. Il a laissé des projets, parfaitement débrouillés, de livres, de pièces, d'affaires, que trois cents ans de vies humaines ne suffiraient pas à réaliser. Quand on lit ces émouvantes, ces stupéfiantes Lettres à l'Étrangère, quand on se penche au bord de ce gouffre, quand on regarde, quand on entend bouillonner, au fond, l'existence surhumaine de cet homme, on est pris de vertige. Et l'on ne s'étonne plus que son cerveau ait pesé si lourd et qu'il soit mort d'une hypertrophie du cœur.''
Gonzague Saint Bris est un écrivain et journaliste français né à Loches le 26 janvier 1948. Il se dit fier d'être un autodidacte, devenu écrivain et journaliste. Il fut successivement journaliste en Afrique, critique littéraire, chroniqueur au Figaro (1980), fondateur et animateur de la radio libre Méga l'O (1981), vidéaste culturel, directeur de la stratégie et du développement du groupe Hachette Filipacchi Médias (1987-2001), chargé de mission au ministère de la Culture et de la Communication (1986-1988), directeur-propriétaire du magazine Femme5. Il est encore, à l'occasion, chroniqueur pour Paris Match, notamment lors d'évènements concernant les familles princières ou royales.
Organisateur de festival Attaché à la Touraine, il a été conseiller municipal de Loches, il mène depuis quarante ans des actions culturelles : Le Nouveau Romantisme, les clips culturels, les radios libres, la Marche Balzac, la Marche George Sand et quatorze éditions de La Forêt des Livres à Chanceaux-près-Loches, un festival littéraire gratuit et ouvert à tous qui reçoit chaque dernier dimanche d'août 150 auteurs dans un village forestier de 150 habitants en avant-première à la rentrée littéraire. À cette occasion, plusieurs prix sont attribués aux auteurs dans le cadre du prix des Lauriers Verts.
L écrivain Gonzague Saint-Bris est l'auteur de près d'une quarantaine de livres, dont Le Romantisme absolu, de récits historiques (Les Égéries russes, et Je vous aime inconnue, Le Coup d'éclat du 2 décembre) et de biographies comme celles de Vigny, Dumas, Balzac, Flaubert, La Fayette.
En 2002, son ouvrage d'inspiration autobiographique Les Vieillards de Brighton est récompensé par le prix Interallié puis son roman L'Enfant de Vinci par le prix des Romancières en 2006, et salué, dès sa parution, par Julien Gracq en ces termes:
« Les vigoureux apports imaginatifs qui surgissent – pour vous particulièrement – de la vallée de la Loire, habitée, naviguée, rêvée, photographiée par vous, vous ont donné un de vos meilleurs livres. Le temps y devient flexible et l’histoire s’y incorpore familièrement. Merci pour ce livre hanté par les chroniques fabuleuses, la géographie des paysages, mais encore plus par la légende, par le souvenir et par le songe. »
Il rencontre Michael Jackson en février 1992 durant le voyage de la star en Afrique, il passe tous les soirs de voyage avec le chanteur et parle de beaucoup de choses (musique, peinture...). Il en tire un livre sorti en 2010.
En 2011, il rédige la préface du livre "Le musée idéal de l'histoire de France" de Thierry, Nouveau Monde éditions, Paris
- Plus d'infos sur le BLOG DE GONZAGUE SAINT BRIS
La vie d'Honoré de Balzac est un prodigieux roman : enfant mal aimé d'une mère indifférente, collégien solitaire, éditeur en perpétuelle faillite, mondain perclus de dettes, ogre gastronomique, importateur malheureux d'ananas, voyageur errant sur les routes d'Europe, coqueluche adorée des lectrices mais rejeté par l'Académie française, amant fabuleusement tenace, il est selon Baudelaire "le plus curieux, le plus cocasse, le plus intéressant et le plus vaniteux des personnages de La Comédie Humaine".
Ce que Balzac cache dans sa vie, il le dévoile dans son œuvre et Gonzague Saint Bris dresse l'inventaire étourdissant des passions qui l'ont traversée : Balzac et l'argent, Balzac et la condition des femmes, Balzac et la science, Balzac et le café, Balzac et Napoléon, Balzac et la photographie, Balzac et la musique, Balzac et l'occultisme, Balzac et le journalisme...
Au terme d'une biographie d'un genre nouveau, foisonnante et enthousiaste, il nous invite à nous replonger avec délice et gourmandise au cœur des 142 romans de "La Comédie humaine" et de ses 2500 personnages. Il remet en lumière vingt "pépites" méconnues et dix romans incontournables, joyaux du fabuleux panthéon du colosse de la littérature, véritable forçat des lettres à la "surnaturelle lumière" saluée par François Mauriac.
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