"Si les policiers pouvaient se mettre en grève, on se rendrait compte dans quel pays on vivrait s’ils n’étaient plus là", estime Mourad Boudjellal

Après les annonces du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, lundi, les policiers ont exprimé leur mécontentement voire leur colère vis-à-vis de ces annonces.
La fracture entre les policiers et le gouvernement semble bien réelle. Certains policiers se sentent aujourd'hui un peu lâchés et abandonnés par leur ministre. Ils ont l'impression qu'à chaque polémique, on les désarme un peu plus. Du temps de la crise des gilets jaunes, il y a eu la polémique sur les LBD. Maintenant, il y a celle de la clé d'étranglement avec George Floyd et l'affaire Traoré.
Ce matin, Yves Lefebvre, secrétaire général d'Unité SGP FO, qui sera reçu par le ministre ainsi que les autres syndicats ce jeudi et vendredi, a indiqué qu’il demanderait aux policiers de ne plus procéder à des interpellations s’il n’était pas entendu par Christophe Castaner.
Pour Stéphane, policier dans les Bouches-du-Rhône, la police est petit à petit sans moyen.
“On a plus le droit d’étrangler pour interpeller un individu violent, on a plus le droit de poursuivre les scooters quand ils nous font des refus d'obtempérer, on a plus le droit de prendre en charge des véhicules quand ils nous font des refus d'obtempérer… En fait, qu’est-ce que le gouvernement veut de sa police?”, se demande-t-il.
Il regrette également que le gouvernement laisse sciemment manifester des personnes en toute impunité alors que les rassemblements sont interdits, et que pendant ce temps les policiers et gendarmes sont obligés d’aller vérifier dans les bars et les restaurants si les mesures sanitaires sont bien respectées.
“On laisse manifester des gens, et on leur dit rien. Mais par contre, on va nous demander d’aller voir le petit restaurateur et de lui dire, mais monsieur il n’y a pas un mètre entre vos deux tables, mais monsieur votre client n’a pas mis son masque avant d’entrer à l’intérieur, on va vous mettre une amende parce que vous n’avez pas affiché qu’il était interdit de fumer dans le restaurant”, indique l'auditeur de RMC.
Une grève de la police ?
Pour notre "GG" Mourad Boudjellal, la bonne solution pour qu’on se rende compte de l’importance de la police dans le pays serait que ces policiers se mettent en grève.
“Si on avait une semaine sans un seul policier, ce n’est pas 20.000 personnes qui seraient dans la rue pour qu’ils reprennent le travail, c’est 10 millions.
S’ils pouvaient se mettre en grève on se rendrait compte dans quel pays on vivrait s’ils n’étaient plus là. On est en train de devenir fou. Bien sûr que dans la police, il peut y avoir des ratés, le monde parfait n’existe pas, la police parfaite n’existe pas. Mais de là à remettre totalement en question toute notre police …”, estime le Toulonnais de RMC.
Si le droit de grève est inscrit dans la Constitution depuis 1946, les policiers ont un statut particulier qui leur interdit de se mettre en grève.
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