Son budget plombé par le RSA, le Nord veut remettre les allocataires au travail

Comme d'autres départements, le Nord voit ses comptes plonger dans le rouge en raison de l'explosion des aides sociales, principalement le RSA. Pour inciter les allocataires à retrouver un emploi, le département va les obliger à signer une charte d'insertion pour continuer à toucher le RSA.
C'est un Congrès des départements de France placé sous le signe des difficultés budgétaires qui s'est ouvert mercredi, à Troyes (Aube). Une quarantaine de départements seront en grande difficultés financières pour 2016. Une dizaine ne pourra même pas boucler leur budget pour l'an prochain, plombés par l'explosion des aides sociales, que gèrent les départements, et principalement par le RSA, le revenu de solidarité active.
Entre 2009 et 2014, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 33%, passant de 2,05 millions à 2,9 millions. Selon l'Assemblée des Départements de France (ADF), le coût du RSA augmente de 9 à 10% par an pour les départements. Surtout, quand l'État compensait 90% des dépenses liées au RSA en 2009, il n'en compense plus aujourd'hui "que" 66%.
Ce jeudi, Marylise Lebranchu, la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique, a annoncé que le gouvernement allait aider la dizaine de départements dans la situation la plus difficile, en échange "d'économies de gestion".
"On est obligés d'agir"
Parmi ces départements qui étouffent : le Nord. C'est lui qui compte le plus d’allocataires du RSA (150.000 au 1er janvier 2015), après que leur nombre a bondi de 18% en 5 ans. Cette année, le RSA devrait coûter au département 675 millions d’euros. Entre les aides versées et la baisse des dotations de l’État, il manque 227 millions d’euros pour boucler le budget 2016.
Alors pour faire des économies, le département du Nord veut remettre ses allocataires sur le chemin de l’emploi. Pour continuer à percevoir le RSA, il faudra dès le 1er janvier prochain signer une charte d’insertion. Et en cas de manquement, le RSA pourrait être suspendu. "Les finances du département sont fragilisés par cette augmentation du RSA depuis plusieurs années. Rien que cette année c'est 60 millions de plus, et 7% d'augmentation du nombre d'allocataires. On ne pourra pas tenir sur un rythme d'augmentation comme ça, d'où notre obligation d'agir", justifie Olivier Henno, vice-président du département en charge de l'insertion.
"Avec le RSA, je survis"
Serge Havé, président d'Agir contre le chômage reste perplexe devant cette mesure. "Si le conseil départementale a 150.000 solutions à apporter aux 150.000 bénéficiaires du RSA, je lui dit chiche. On veut bien qu'il créé de l'emploi, mais la question c'est où, quand, comment, quel genre d'emploi et quels employeurs vont embaucher ces personnes-là ?".
Des allocataires qui peuvent se sentir stigmatisés par cette mesure. C'est le sentiment de Sophie en tout cas. Cette allocataire vit seule avec ses deux filles et perçoit chaque mois 943€ de RSA. Non, tous les allocataires ne sont pas des profiteurs, clame-t-elle. "Je suis dans la restriction tout le temps. J'ai déjà dit à une copine, 'on échange' : je te donne mon RSA et tu me donne ton boulot et puis tout ira mieux. Je survis avec ça. Il me faut un travail".
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