Son client lui tire une balle dans la tête, un chauffeur de taxi raconte: "ça ne l'a pas empêché de faire la fête"

Samedi 10 décembre, Pascal Bocquet, chauffeur de taxi, prend un client à la gare d'Evreux (Eure) pour se rendre à Ivry-la-Bataille, à 40 kilomètres. Un client qui lui tirera dessus arrivé à destination. Ce mercredi, Pascal Bocquet témoigne sur RMC. Il se dit partagé entre le bonheur d'être en vie et l'incompréhension face à un tel geste.
Une balle dans la tête pour une simple course en taxi. Samedi 10 décembre, en soirée, un jeune homme de 20 ans, bien habillé, arrive à la gare d'Evreux et prend un taxi pour Ivry-la-Bataille, à moins de 40 kilomètres, pour se rendre à un mariage. Le chauffeur de taxi lui dit que la course lui coûtera environ 75 euros, ce que le client accepte. Pendant le trajet les deux hommes discutent aimablement, mais arrivé à destination, le client sort un pistolet de calibre 6,35 mm, tire sur le conducteur et saute du véhicule.
Touché à la tête, Pascal Bocquet perd le contrôle de son taxi qui termine sa course contre un arbre, sectionné par la violence du choc. Si aujourd'hui il est en vie, après plusieurs jours de réanimation et deux lourdes opérations, il garde d'importantes séquelles. Ce mercredi, sur RMC, il se dit partagé entre le bonheur d'être en vie, et l'incompréhension face à un tel geste.
"Il m'a surpris"
"Ce soir-là, ce jeune homme me dit qu'il se rend à un mariage, qu'il a loupé son bus à cause du retard de son train. Il me demande donc de l'emmener à Ivry-la-Bataille. Ce que j'accepte. Tout le long de la route, on a discuté. Il m'a dit qu'il était serveur dans un bar à Paris. Il était bien habillé. Je ne me suis douté de rien", se souvient-il. "Une fois arrivé à destination, il me demande de me rendre plus précisément devant la mairie, ce que j'ai fait. C'est à ce moment-là, sans rien me demander, qu'il m'a tiré une balle derrière la tête. Comme il faisait nuit noire et que je n'avais pas allumé la lumière, je n'ai rien vu venir. Je n'ai pas eu le temps de voir qu'il avait une arme sur lui… Il m'a donc surpris."
"Je n'ai même pas eu le temps d'annoncer le prix de la course. Je ne l'ai pas vu. Rien du tout, poursuit Pascal Bocquet. Après je me suis écroulé sur la console centrale. Apparemment j'ai eu un accident de voiture parce que celle-ci a fait 800 mètres en ligne droite avant de se fracasser contre un arbre. Je me suis retrouvé inconscient au volant de la voiture avec les pompiers autour de moi qui me demandait ce qu'il s'était passé. Je leur ai dit qu'on m'avait tiré dessus, dans la tête. Ils n'arrivaient pas à comprendre parce qu'ils ne voyaient pas l'impact".
"Je suis un miraculé"
"Je suis resté incarcéré 2h30 dans la voiture, le temps qu'ils arrivent à la découper, et ce n'est qu'une fois à l'hôpital, en faisant un scanner, qu'ils ont vu la balle dans mon crâne, derrière mon oreille. Cela m'a perforé l'oreille interne. Du coup, je suis sourd à 50% et ça risque de diminuer encore, témoigne encore le chauffeur de taxi. J'ai été immédiatement transféré à l'hôpital de Percy-Clamart où j'ai été placé deux-trois jours en réanimation. J'avais les poumons touchés, des côtes cassées, une cervicale cassée, la mâchoire en haut et en bas était en plusieurs morceaux et mes pommettes fracassées en raison du choc de la voiture".
"Aujourd'hui, ça va de mieux en mieux, surtout depuis que je n'ai plus de minerve. J'ai encore une opération à subir parce qu'ils m'ont mis des arcs dentaires pour soutenir ma mâchoire le temps que ça se résorbe, renseigne-t-il encore. Physiquement je suis beaucoup mieux qu'avant même si je ne peux pas encore manger solide. Mais ça aurait pu être bien pire. J'aurais pu être handicapé à vie ou ne plus être là du tout… Les médecins m'ont dit qu'il n'y avait qu'un cas sur 10.000 comme le mien. Je suis un miraculé. Ma chance est que la balle a pris un axe près de l'oreille. Parce que dans le cerveau, je ne serais plus là".
"Il risque la prison pour 75 euros"
Depuis, son agresseur a été interpellé en région parisienne, à Houilles dans les Yvelines, par des hommes du GIGN. Le jeune homme était déjà connu des services de police pour port d'arme prohibé. Il a été mis en examen pour tentative d'homicide et écroué. "J'ai fait un portrait-robot il y a deux semaines qui a confirmé les soupçons que les gendarmes avaient sur une personne, indique Pascal Bocquet. Il aurait dit aux gendarmes qu'il m'a tiré dessus pour ne pas payer la course, parce qu'il n'avait pas les sous pour. Il avait de l'argent pour l'hôtel ou la course mais pas pour les deux. C'est un peu léger… Il risque la prison pour 75 euros".
"Je suis soulagé qu'il ait été arrêté mais je n'ai pas de haine plus que cela à son encontre. Je trouve juste complètement débile de tirer sur quelqu'un pour 75 euros. Et après m'avoir tiré dessus, il est quand même allé au mariage, il a fait la fête. Ça ne l'a pas dérangé. C'est incompréhensible"
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