Soudan: "Il y a plus d'amertume que d'espoir dans le soulèvement"

Ce vendredi, la foule des manifestants a réclamé un "gouvernement civil" après la destitution du président Omar el-Béchir, renversé jeudi par les principaux chefs de l'armée.
Quel futur pour le Soudan? Jeudi, le président Omar el-Béchir, à la tête du pays depuis près de 30 ans, a été renversé par les principaux chefs de l'armée. Les manifestants avaient alors continué leur mobilisation pour réclamer le départ des généraux du régime déchu.
Si l'ambassadeur du Soudan à l'ONU Yasir Abdelsalam a assuré que le Conseil militaire de transition au Soudan "ne gouvernera pas, il se contentera d'être le garant d'un gouvernement civil", rien n'est moins sûr selon Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et spécialiste du Soudan: "Cette promesse n'engage que ceux qui y croient. Le fait même que l'on suspende la Constitution qui a été créé par ce régime, c'est quelque chose d'assez comico-tragique d'une certaine façon. Se dire que l'on va faire une transition pendant deux ans, ça signifie que l'on va prendre le pouvoir et qu'on ne le lâchera plus".
"Une menace à l'égard du peuple"
"L'armée a instauré l'état d'urgence et pourrait tirer sur les gens qui sortent dehors. C'est une menace à l'égard du peuple. Donc je pense que les manifestants et la population en général est extrêmement frustrés de voir qu'on en arrive là. Ce n'est donc pas la fin de l'histoire pour ceux qui sont descendus dans la rue. Il y a plus d'amertume que d'espoir dans le soulèvement d'aujourd'hui. C'est un soulèvement de gens qui sont menacés politiquement mais aussi qui peuvent mourir de faim parce qu'il n'y a plus d'argent, il n'y a plus de billets de banque, et plus rien dans les magasins", a aussi analysé le chercheur.
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