Emplois fictifs: François Fillon et son épouse Penelope jugés coupables

L'ex-Premier ministre a été condamné à cinq ans de prison dont deux ferme, sa femme à 3 ans de prison avec sursis. Leurs avocats ont annoncé faire appel de cette condamnation.
L'ancien Premier ministre François Fillon et son épouse Penelope ont été reconnus coupables lundi à Paris dans l'affaire des soupçons d'emplois fictifs qui avait empoisonné la campagne présidentielle du candidat de la droite en 2017. L'ex-Premier ministre a été condamné à cinq ans de prison dont deux ferme, assortie d'une amende de 375.000 euros et 10 ans d'inéligibilité. Sa femme Penelope a été condamnée à 3 ans de prison avec sursis et 375.000 d'amende. Des peines qui suivent celles requis par le PNF.
Les trois prévenus ont, par ailleurs, été condamnés à rembourser plus d'un million d'euros à l'Assemblée. Leurs avocats ont annoncé faire appel de cette condamnation.
Le tribunal correctionnel a décidé de rendre son jugement en début d'après-midi, après avoir tacitement rejeté les demandes de réouverture des débats présentées par la défense pour faire la lumière sur d'éventuelles "pressions" pendant l'enquête.
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Au coeur du procès figurent les soupçons de détournement de fonds publics entourant les emplois de collaboratrice parlementaire de Penelope Fillon, poursuivie pour des "prestations fictives ou surévaluées". Ses activités dans la Sarthe, auprès de son mari député et de son suppléant, méritaient-elles d'être rémunérées dans le cadre de contrats d'assistante parlementaire?
Entre 1998 et 2013, la discrète Galloise de 64 ans a perçu au total 613.000 euros nets au titre de contrats connus seulement de quelques proches. Partie civile, l'Assemblée nationale réclame plus d'un million d'euros de dommages et intérêts si les emplois litigieux étaient jugés fictifs.
Enquête "à charge" et "pressions"
La défense espèrait rebondir sur de récentes déclarations d'Eliane Houlette, ancienne patronne du PNF, qui a fait état de "pressions" procédurales de son autorité de tutelle, le parquet général, pendant cette enquête sensible. Elle décrit notamment des demandes pressantes de remontées d'informations, n'a rien d'illégal mais a relancé dans le clan Fillon les accusations d'instrumentalisation de la justice et conduit Emmanuel Macron à saisir pour avis le Conseil supérieur de la magistrature.
La défense, qui dénoncait depuis trois ans une enquête "à charge" menée en pleine campagne présidentielle, espèrait que le tribunal attendra l'avis du CSM et la fin de la commission d'enquête parlementaire sur l'indépendance de la justice, devant laquelle s'exprimait Mme Houlette, pour en discuter et statuer.
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