Syrie: "Des gens étaient tellement paniqués qu’ils creusaient le sol de la cave avec leurs mains"

REPORTAGE RMC - Il y avait 250.000 habitants avant la guerre. Ils ne sont plus que 10.000 à vivre dans ces ruines. La Ghouta orientale, en Syrie, était encore il y a peu au coeur de la guerre entre l'armée syrienne et des groupes rebelles. Cette région a été assiégé par l'armée pendant 5 ans. L'envoyée spéciale de RMC, Marie Régnier, s'est rendue dans la ville de Harasta, deuxième plus grande ville de la Ghouta après Douma.
Il règne un silence de mort. Les immeubles sont éventrés. Tout n’est que taule, gravats, poussière. Et puis, au détour d’une rue, soudain, la vie, ou plutôt des survivants.
Bilal, un petit garçon de 13 ans, nous conduit dans la cave où il a passé sept mois enfermé. Ses petites mains en tremblent encore.
"Le pire, c’était le bruit des bombardements, tout le temps, tout le temps. J’ai jamais pleuré, mais c’était horrible. il y avait des gens qui étaient tellement paniqués qu’ils se mettaient à creuser le sol de la cave avec leurs mains pour tenter de s’abriter encore plus profond".
"Je n'ai pas pu être opéré car on était dans la cave"
Comme s’ils avaient besoin de partager ce qu’ils ont vécu, les enfants parlent sans s’arrêter. Ils nous montrent leurs blessures, nous décrivent le manque de médicaments.
"Moi, une fois, je suis sorti deux minutes, un obus est tombé à côté de la cave. J'ai reçu des éclats dans la cuisse et dans le ventre. Je n'ai pas pu être opéré car on était dans la cave. Les éclats sont toujours là" nous confie Sayid, 14 ans.
"Mon cœur s’est arrêté de battre"
Ce cauchemar quotidien, certains ont réussi à en échapper dès le début de la guerre. Avec la fin des combats, les habitants reviennent peu à peu et découvrent l'ampleur du chaos. Fayez, le directeur d’école, a pleuré, le jour où il a revu Harasta.
"Mon cœur s’est arrêté de battre. Je ne ressentais plus rien. Je regardais, c’est tout. Je regardais une ville fantôme. Mes yeux pleuraient. Et mon cœur surtout".
Fayez nous parle de sa ville d’avant. il nous montre son école, au loin, où les enfants du quartier venaient étudier. C’était il y a six ans. Une éternité.