Tarifs élevés, changements de diffuseurs, matchs à huis clos: le foot français a-t-il perdu de sa saveur?

Le nouvel appel d'offre pour les droits TV de la Ligue 1 a été boudé lundi par les principaux diffuseurs. Conséquence: le foot français s'enfonce encore un peu plus dans la crise, les supporters se désintéressent du championnat, et notamment les jeunes. Selon une récente étude européenne, les 13-24 ans se disent beaucoup moins fans de foot que leurs aînés.
Le foot français s'enfonce encore un peu plus dans la crise. Le nouvel appel d'offre pour les droits TV de Ligue 1 a été boudé lundi par Canal +, beIN sports et Altice (RMC Sports). Les principaux diffuseurs de ces dernières années ont refusé de reprendre tout ou partie des matchs délaissés par le diffuseur défaillant Mediapro en décembre, qui diffuse 80 % de la L1 et de la L2.
Le scénario du pire pour la LFP
Pour la Ligue professionnelle de football (LFP), c’est le scénario du pire. Entre pandémie et crise des droits télévisuels, les clubs anticipent déjà des pertes de 1,3 milliard d'euros en fin de saison. De leurs côtés, entre les matchs à huis clos qui ont perdu de leur saveur et les abonnements qui se sont multipliés, les fans de foot sont nombreux à lâcher l'affaire.
"J’ai tout coupé. Je n’ai plus beIN sports, plus RMC et je viens de résilier Canal+. Tout cumulé, ça représente à peu près 100 euros par mois. A ce prix-là, je me fais un resto avec ma femme et mes enfants", raconte Sylvain, qui suivait la Ligue 1 depuis plus de 20 ans. Mais cet artisan d'Avignon a eu l'impression d'être pris pour une vache à lait et a préféré dire stop : "Pour voir des matchs de foot qui ne sont pas d’un très haut niveau en ce moment, je ne vois pas l’intérêt", poursuit-il.
Autre motif de découragement: les matchs à huis clos, en raison de la crise sanitaire. "Les supporters sont le 12e homme. Ce sont eux qui nous font frissonner. Sans eux, le plaisir est moindre", confie Abderrahmane, un lycéen toulousain.
Un modèle comme Spotify?
Comment, dans ce contexte, demander aux spectateurs de payer plusieurs abonnements à des dizaines d'euros? "On n’est toujours pas passé à un modèle un peu comme Spotify, c’est-à-dire où vous avez un abonnement à un prix relativement modique et vous avez un droit de tirage sur un certain nombre de matchs", déploreJean-Pascal Gayant, économiste du sport. "Ça me parait être un mode de consommation qui pourrait séduire beaucoup de personnes, et en particulier des jeunes", estime-t-il. Selon une récente étude européenne, les 13-24 ans se disent beaucoup moins fans de foot que leurs aînés.
Lundi, quelques candidats inattendus ont répondu à l'appel d'offre de la LFP: le géant du commerce en ligne Amazon, la plateforme de streaming DAZN et le groupe Discovery. Mais leurs offres n'ont pas atteint le prix minimums fixés par la Ligue. En attendant, Téléfoot continue d'émettre, au moins jusqu'à mercredi.
Pour rappel, Mediapro avait remporté en 2018 l'appel d'offre pour quatre ans (2020-2024) des droits de diffusion de 80% des matches de la L1 et L2 pour 1,2 milliard d’euros annuels. Mais la société espagnole a renoncé en fin d'année dernière à ses droits télévisuels, faute de pouvoir débourser la somme prévue.
Votre opinion