"Taxe terrorisme" relevée d'un euro au 1er janvier : "Pouvoir faire face à des attentats"

Dès le 1er janvier, chaque assuré va participer à hauteur de 4,30 euros au fonds d'indemnisation des victimes d'attentats. Une hausse d'un euro qui permettra de sauver ce fonds et de débloquer le traitement de 300 victimes en attente d'indemnisation.
C'est un fonds que chacun d'entre nous alimente via ses contrats d'assurances. Le fonds d'indemnisation des victimes d'attentats va augmenter pour la première fois depuis plus de 10 ans. Au 1er janvier 2016, le montant prélevé sur chaque contrat d'assurance augmentera d'un euro, passant de 3,30 euros à 4,30 euros. Si vous possédez une assurance multirisques, habitation, ou encore automobile, cette somme est automatiquement prélevée pour être reversée au fonds. Un euro de plus, c'est peu et beaucoup à la fois, car cela va permettre de renflouer les caisses du fonds de plus de 80 millions d'euros l'année prochaine, pour atteindre les 360 millions d'euros.
La décision a été prise par le conseil d'administration début octobre et devrait faire l'objet d'un arrêté ministériel cet automne. Il y a urgence, le fonds étant à deux doigts de plonger dans le rouge, bloquant le traitement de 300 dossiers de victimes d'attentats.
"Pour éviter que ce fonds se retrouve en déficit"
C'est pourquoi cette augmentation est jugée légitime par Stéphane Gicquel, secrétaire général de la FENVAC, Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs. "C'est d'abord un rattrapage pour éviter que ce fonds se retrouve en déficit". Françoise Rudetzki, présidente de l'association SOS Attentats et membre du Conseil d'administration du Fonds de garantie des victimes d'attentats, abonde : "Avec 1 euro de plus nous serons en mesure d'assurer largement la prise en charge des dossiers en cours, mais également faire face à des attentats qui pourraient se produire dans les semaines, mois ou années à venir".
Une garantie indispensable rappelle Stéphane Gicquel: "Demain, pour 4,30 euros, chaque citoyen aura la garantie que s'il lui arrive, à lui ou un de ses proches, quelque chose (une agression, un acte de terrorisme…) il sera protégé, et il pourra, malgré la violence de ce qu'il lui arrive, continuer à vivre et éviter la précarisation financière".
Colette, victime d'attentat: "J'ai eu 150.000 euros"
Cette aide, ce parachute qui permet de ne pas sombrer dans la précarité financière, Colette Bonivar en a bénéficié. Elle fait partie des victimes de l'attentat de la rue de Rennes, en 1986, à Paris. "J'ai eu 150.000 euros. Cette somme, par rapport au handicap que je peux avoir et aux indemnisations d'aujourd'hui ce n'est pas grand-chose, mais c'est raisonnable", estime-t-elle. "J'ai eu la moitié d'une jambe arrachée et j'ai mis un an à marcher avec deux béquilles. Je ne pouvais plus travailler, raconte-t-elle. L'argent ne remplace rien, mais qu'est-ce qu'on pouvait me donner d'autres ?"
Les victimes du terrorisme représentent 5 à 7% des dépenses du fonds. Et Françoise Rudetzki, le reconnaît, le fonds ne pourrait par contre pas faire face à une vague d'attentats. "Le fonds peut faire face à quelques centaines de victimes, mais des milliers je ne crois pas. Mais là ce serait au ministère des Finances de faire évoluer la contribution, et s'il le fallait on passerait à une augmentation de 5 ou 6 euros", anticipe la membre du Conseil d'administration du Fonds. Mais, conclut-elle, "ce serait toujours moins qu'un paquet de cigarettes".