Témoignage RMC: Amina, 22 ans, est l'une des dernières Françaises à être revenue de l'Etat Islamique

RMC a rencontré cette jeune maman d'un petit garçon né à Raqqa, en Syrie. Revenue en France il y a 6 mois, Amina est aujourd'hui libre sous contrôle judiciaire. Elle veut tourner la page de cette histoire.
"Je n'en suis pas fière". Amina a 22 ans. Elle est l'une des dernières Françaises à être revenue de l'Etat Islamique. Elle revenue en France il y a 6 mois, libre, mais sous contrôle judiciaire dans l'attente d'un procès. Cette jeune maman d'un petit garçon né en Syrie, et qui a déjà retrouvé un emploi en France, ne souhaite qu'une chose: tourner la page de cette histoire.
"J'ai été avec des terroristes, ça, je ne peux pas le cacher. Mais je n'en suis pas une. Et je ferai tout pour le prouver"
Aidé par un recruteur, à 18 ans elle s'est envolée pour la Syrie en août 2014. Marié à un Français, Amina va mettre deux ans et demi avant de réussir à s'enfuir de Raqqa. Ce n'est qu'en octobre 2016 que la jeune Française parvient finalement à quitter l'Etat Islamique. Elle est alors arrêtée par les rebelles syriens, puis incarcéré en Turquie. Elle sera finalement expulsée vers la France presque un an plus tard.
"Je ne sortais jamais de chez moi"
Aujourd'hui, la jeune femme, qui ne porte plus le voile, est redevenue coquette. A des années-lumière de ce qu'elle a pu voir au coeur de l'Etat islamique:
"Le danger est présent 24 heures sur 24. Une femme qui parlait mal dans la rue, tac, une balle. Tu as tellement peur que ça t'arrives... Je ne sortais jamais de chez moi".
Le retour en France s'est fait avec son petit garçon de deux ans, aujourd'hui.
"Il est né à Raqqa, dans un hôpital. Mais ce n'est pas comme la France, ce n'est pas le même confort. Mais ça reste le plus beau jour de ma vie"
69 retours depuis 2013
Plus d'une dizaine de françaises de l'Etat Islamique ont été arrêtées en Syrie ou en Irak. Des femmes et leurs enfants qui pour la plupart demandent à être jugées en France.
Depuis 2013, elles sont 69 à être revenues dans l'Hexagone, selon le Centre d'Analyse du Terrorisme. Une dizaine seulement aujourd'hui ont été jugées, mais les procès vont s’enchaîner dans les prochains mois, à l'image d'Amina.
Si la justice n’a pas systématiquement mis en examen ces épouses de jihadistes jusqu'à présent, aujourd’hui, elles le sont toutes à leur retour. La peine est de 3 ans de prison ferme en moyenne.
La peine la plus lourde reste celle prononcée à l'encontre d'une femme de 50 ans, surnommée "Mamie Jihad". Elle a été condamné à dix ans de prison pour avoir effectué trois allers-retours entre la France et la Syrie afin de rejoindre son fils et ramener de l’argent sur place. La dernière Française de retour de Syrie a été mise en en examen pour "Association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste", il y a deux semaines, après avoir été expulsée de Turquie avec ses trois enfants.
17 de ces femmes sont incarcérées aujourd'hui, la plupart à Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, où elles sont particulièrement suivies. Les autres sont en majorité soumises à un contrôle judiciaire stricte.
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