Tout comprendre au grand bazar des livraisons de vaccins

EXPLIQUEZ-NOUS - Le vaccin d’AstraZeneca devrait être autorisé ce vendredi par l’Union européenne, mais le laboratoire anglais prévient déjà qu’il y aura des retards de livraison. Dans toute l'Europe, la livraison des doses de vaccins se fait sous pression.
Trois régions françaises ont dû annoncer jeudi des annulations de rendez-vous, en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et en Bourgogne-Franche-Comté, des milliers de vaccinations prévues la semaine prochaine ont été reportées. Pour réserver les doses à ceux qui doivent recevoir une deuxième injection.
La France n’est pourtant pas encore en situation de pénurie puisque l’on a reçu 2,6 millions de doses et fait 1,3 million de piqûres. Exactement la moitié. Ce sont donc des problèmes de logistique, des problèmes franco-français qui, pour l’instant, retardent la campagne de vaccination.
Mais l’on sait qu’il y aura bientôt d’autres retards, cette fois à cause des laboratoires
Ils ont tous du mal à tenir leur promesse. L’américain Pfizer qui fournit l’essentiel des vaccins disponibles jusqu'à présent en Europe a annoncé des retards importants à cause de problèmes dans son usine en Belgique. La commission européenne a tapé très fort sur la table et tout s'est presque arrangé par miracle.
Mais Pfizer s’est livré à une entourloupe en annonçant que puisque l’on pouvait tirer 6 doses et non pas 5 de ses flacons, et bien il y aurait moins de flacons livrés. Ce sont des négociations de marchand de tapis.
Le laboratoire Moderna a aussi annoncé de nouveaux retards
Moderna, c’est le deuxième vaccin autorisé en Europe. Les livraisons en février seront inférieures de 25% à ce qui était prévu. Mais ce qui était prévu était déjà très peu. Pour la France par exemple, on est en ce moment à un rythme de 150.000 par semaine.
Stéphane Bancel, le PDG français de Moderna a expliqué pourquoi mercredi. La plus grande partie de la production va aux Etats-Unis, parce que les Etats-Unis ont investi plus tôt. Les européens, dit-il, n'ont pas versé un euro pour nous aider à acheter des machines et embaucher du personnel.
En revanche, on comptait beaucoup sur le géant britannique AstraZeneca
Oui, et c’est là, la plus grande déception. Le vaccin suédo-anglais doit être autorisé ce vendredi et les commandes européennes sont gigantesques. Mais l‘entreprise ne cesse d'annoncer des retards.
Pour la France par exemple, on est passé pour le premier trimestre de 17 millions de doses, à 9 millions et finalement ce ne sera que moins de 5 millions.
Pourquoi ? Ce n’est pas très clair. AstraZeneca évoque des soucis techniques sur ses sites de production en Europe. La commission européenne a des doutes et a ordonné jeudi une inspection des usines. L’Europe en fait soupçonne que les Anglais favorisent les Anglais, et garde pour eux ce qu’ils ne nous livrent pas. Bruxelles promet de ne pas se laisser faire et menace de sanctions.
Mais il y a aussi un autre souci avec ce vaccin. On n’est pas sûr de son efficacité sur les plus de 65 ans. L’Allemagne a décidé de le réserver aux plus jeunes. Si on devait faire la même chose, il faudrait revoir la stratégie française de vaccination.
D'autres vaccins arriveront plus tard dans l’année
Le premier sera Johnson et Johnson, vaccin américano-belge attendu fin février. Curevac est un vaccin d’une bio tech allemande qui devrait être prêt en avril. Novavac est un vaccin américain qui a annoncé hier un taux d’efficacité de 89% sur le variant anglais.
Il y a une entreprise française dont on parle peu qui s’appelle Valvena. Son candidat vaccin n’en est qu'à la phase deux des essais cliniques. Mais pourtant la Grande Bretagne et l’Europe sont en train de commander 240 millions de doses et Valvena va lancer la production sans attendre.
Enfin il y a les autres vaccins, russes et chinois. La Serbie vient de commencer à utiliser un vaccin chinois. La Hongrie a commandé des vaccins russes. C’est pour l’instant le seul pays de l’Union européenne qui sort de la politique commune.
Pourquoi Olivier Véran a-t-il annoncé cette semaine que 70 millions de Français pourraient être vaccinés à la fin du mois d'août
Bonne question ! C’est un mystère puisque la plupart des spécialistes l’ont contredit. La totalité des français vaccinés en août ça paraît impossible.
Ce qu’il voulait sans doute dire, c’est que la France a effectivement commandé 130 millions de doses livrables avant la fin de l’été. Si tous les vaccins obtiennent les autorisations de mise sur le marché, si aucun laboratoire n’a de retard, si la logistique suit, alors oui, il pourrait y avoir de quoi vacciner 65 millions de français fin août. Mais ca fait beaucoup de si.
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