Ukraine: bientôt un comédien à la tête du pays?

Comédien novice en politique, Volodymyr Zelensky part grand favori du second tour de la présidentielle en Ukraine dimanche, annonçant sauf coup de théâtre un saut dans l'inconnu pour ce pays en guerre aux portes de l'Union européenne.
Inimaginable il y a encore quelques semaines, une victoire de Volodymyr Zelensky, nouveau soubresaut de la vague mondiale anti-élites, est considérée comme acquise par bien des observateurs à Kiev. Largement en tête du premier tour avec un score double de celui de son rival, Volodymyr Zelensky était crédité de plus de 70% des intentions de voix dans les derniers sondages avant le second tour.
Au premier tour, il est arrivé en tête avec plus de 30% des voix, devancant largement le président sortant Petro Porochenko (16,7% des voix).
A 41 ans, Volodymyr Zelenski a pour toute expérience du pouvoir, celle acquise lors d'une série télévisée et intitule Le serviteur du peuple. Le comique incarnait alors un professeur d'histoire soudainement élu président de la République. La fiction a donc toutes les chances de devenir réalité.
Un homme "venu casser le système"
Le programme du candidat est en partie calqué sur celui de son personnage avec en tête la lutte contre la corruption. "Je ne suis pas un homme politique, je suis un homme simple venu casser ce système", explique le comédien qui a préféré faire du stand-up avec sa troupe et investir les réseaux sociaux plutôt que de se lancer dans une campagne électorale classique. Volodymyr Zelenski est présenté par ses détracteurs comme le pantin d'un oligarque ukrainien, farouche adversaire du président en place, mais aussi riche propriétaire de la chaîne qui diffuse la série dans laquelle il joue.
Les enjeux sont considérables pour cette ex-république soviétique confrontée à une crise inédite depuis son indépendance en 1991, mais aussi pour les relations à couteaux tirés entre la Russie et les Occidentaux. L'arrivée au pouvoir de pro-occidentaux en 2014 a été suivie de l'annexion par Moscou de la péninsule ukrainienne de Crimée et d'une guerre dans l'est qui a fait près de 13.000 morts en cinq ans dans l'est.
Cette crise a largement contribué aux graves tensions actuelles entre la Russie et les Occidentaux, qui ont décrété des sanctions réciproques. Si elle se confirme, l'élection d'un nouveau président inexpérimenté sera suivie de très près par les chancelleries.
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