Une crèche fermée sous la menace de dealers à Grenoble: "Il faut que la mairie change de discours", plaide le syndicat policier Alliance

Après la fermeture d'une crèche d'un quartier sensible de Grenoble où le personnel était menacé par des dealers, la police nationale s'en prend à la mairie qu'elle accuse de laxisme.
Une fermeture qui provoque la polémique. A Grenoble dans l'Isère, une crèche municipale située dans un quartier sensible, a été temporairement fermée début janvier et une enquête a été ouverte après que son personnel a été menacé par des dealers. Les employés de l'Équipement d'accueil du jeune enfant (EAJE), situé au sud de la ville dans le quartier populaire de la Villeneuve, ont exercé leur droit de retrait le 4 janvier après avoir été intimidés par des jeunes qui tenaient un point de deal.
Depuis, la ville a pris la décision de fermer jusqu'à nouvel ordre cet équipement géré par son Centre communal d'action sociale (CCAS) qui accueille une cinquantaine d'enfants pour permettre à la situation de s'apaiser. Les enfants ont été orientés vers d'autres établissements.
"Le trafic de stup' ne cesse de s’accroitre et de chercher des points de deal. Dans ces quartiers-là, ils se sentent intouchables. Le trafic de stup n'a pas gagné et la police n'a pas reculé mais la police nationale ne peut pas faire tout toute seule", assure ce jeudi sur RMC, Yannick Biancheri, secrétaire départemental du syndicat de police en Isère.
"Cette crèche a fait appel à nos services pour sécuriser une porte annexe qui a déclenché une alarme. On a agi et les dealers ont eu l’impression de s’être fait dénoncer par la crèche. C’est la loi de l’omerta dans ces quartiers-là. La police nationale a pris ses mesures et a augmenté les patrouilles", raconte-t-il.
Yannick Biancheri demande "une réponse pénale ferme" et aussi "un discours ferme de la mairie" regrettant que la municipalité "ne joue pas le jeu de la sécurité": "Le continium de la sécurité n'est pas assuré. Le maire ne donne pas instruction à la police municipale de faire des patrouilles dans ces quartiers. Peut-être faut-il avoir un discours plus ferme et changer d'adjoint, avoir un adjoint à la sécurité qu'un adjoint à la tranquilité", tacle-t-il alors que le maire de la ville Eric Piolle, sollicité par RMC, n'a pas souhaité s'exprimer.
"Il faut augmenter la police municipale et peut-être l'armer"
"Il faut arrêter de parler et se donner les moyens. Il faut augmenter la police municipale et peut-être l'armer parce que le maire a supprimé l'armement qui était prévu par son prédécesseur. Il a eu un discours de défiance par rapport à la police nationale. Il y a pleins de choses à faire mais il faut les faire. Il faut arrêter de commenter l'actualité et se mettre au service de la sécurité", ajoute Yannick Biancheri amer.
De leur côté, les parents des enfants saluent la fermeture de la crèche, estimant que la sécurité prime: "Je fait entièrement confiance à la direction. Ils considèrent que le personnel et nous ne sommes pas en sécurité", juge Léa la mère de deux fillettes inscrites dans la crèche.
"Ce n'est pas normal qu'une crèche ferme dans ce type de situation, on souhaite la réouverture de la crèche. on a de supers services publics dans ce quartier, des commerces, c'est un quartier qui vit et cette crèche fait partie de la vie de ce quartier", ajoute-t-elle.
"Le point de deal a été déplacé grâce à nos patrouilles. Mais il y a une menace, c’est prégnant à Grenoble, il faut vraiment changer de politique. La mairie doit prendre conscience du problème de sécurité", insiste Yannick Biancheri.
"La crèche va rouvrir au plus vite et de manière pérenne", a assuré mercredi l’adjointe au maire, chargée de la tranquillité publique, Maud Tavel. Elle ajoute que le problème est profond et qu’il ne sera pas résolu qu’avec de la surveillance mais aussi avec un travail de prévention avant de demander de nouveaux effectifs policiers pour la ville
Un autre adjoint, chargé lui de l’action sociale et donc de la gestion des crèches, estime que cette fermeture "n’est pas une capitulation". "On attend simplement que les auteurs des faits soient identifiés et appréhendés par la police". Le maire de Grenoble, Eric Piolle (EELV), ne s'est toujours pas exprimé officiellement.
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