Villepin ne sera pas candidat : s'est-il surestimé ?

Dominique de Villepin a déclaré jeudi soir sur France 2 que «sauf miracle républicain», il ne pourra pas être candidat à la présidentielle, faute d'avoir pu recueillir les 500 signatures. Villepin s'est-il surestimé ?
Je ne sais pas s'il croit vraiment aux miracles, mais Dominique de Villepin a surtout tendance à trop croire en lui-même. C'est vrai qu'il a du talent, du panache, de l'éloquence - avec un style emphatique qui peut paraître un peu suranné ; c'est aussi un homme qui a du caractère et de l'ambition. Mais toutes ces qualités ne suffisent pas à occulter une réalité qui, en effet, est cruelle : il est en décalage complet avec le peuple qu'il prétend incarner - ou plutôt conduire, car on sent bien qu'il y a en lui plus d'attrait pour le régime bonapartiste que pour la démocratie représentative. Son problème, c'est que voilà dix ans qu'il attend désespérément une crise pour être le sauveur de la France. Eh bien, la crise est au rendez-vous, mais pas lui.
N'a-t-il pas raison de dénoncer un système dans lequel un Jacques Cheminade peut être candidat, mais pas un ancien Premier ministre ?
Que le système des parrainages soit dépassé, tout le monde est d'accord. Mais il faut quand même rappeler que personne ne l'a dit avant. Ni Dominique de Villepin, ni Marine Le Pen, ni aucun autre n'ont demandé une réforme sur ce point depuis la dernière élection. En 2002, Charles Pasqua avait déclaré forfait, parce qu'il n'avait pas les signatures et personne n'avait pleuré - sûrement pas Dominique de Villepin, d'ailleurs, puisqu'il s'employait à empêcher les candidatures qui gênaient la réélection de Jacques Chirac. Donc, le système n'est pas bon, mais on ne peut pas non plus décréter que tel candidat serait plus légitime qu'un autre juste parce qu'il a exercé des fonctions importantes. En 1981, un autre ancien Premier ministre avait réussi, lui, à se présenter : Michel Debré. Il avait fait 1,66 % des voix. Dominique de Villepin n'a jamais pu convaincre qu'il pouvait espérer mieux.
Peut-on imaginer que des élus, des maires, aient reçu des pressions pour les dissuader de lui donner leur parrainage ?
Que les partis politiques donnent des consignes pour favoriser leur propre candidat - et même pour nuire aux autres -, c'est probable. Mais il ne faut pas pousser trop loin le conspirationnisme. Il y a plus de 42 000 élus qui peuvent parrainer un candidat. Si Villepin n'en a pas trouvé 500, ça ne peut pas être à cause d'une fatwa qui aurait été lancée contre lui. Hier, ses partisans ont mis en avant une étrange coupure des lignes téléphoniques à son QG de campagne : ils ont tout de suite pensé à un coup monté, mais la réalité, c'est que c'est le fil avec les Français qui était rompu. Dominique de Villepin est parti la fleur au fusil, avec une organisation qui ressemblait plus à une escouade qu'à la Grande Armée de Napoléon. Il est apparu comme un homme qui avait certainement envie d'être élu, mais pas d'être candidat. Il a donc été exaucé à moitié.
Que peut-il faire maintenant ? Il a dit qu'il excluait tout ralliement...
Son orgueil va être mis à rude épreuve. Si sa raison l'emporte, il trouvera une façon de soutenir Nicolas Sarkozy. Si c'est le coeur, il préférera prendre l'exil, avec l'espoir que Nicolas Sarkozy soit battu et qu'il puisse trouver un rôle dans la recomposition de la droite. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne mettra pas un terme, lui, à sa carrière politique - comme Nicolas Sarkozy a promis de le faire : la sienne n'a jamais vraiment commencé...
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