Vivarte: "L'Etat distribue des millions d'euros dans un groupe qui n'arrête pas de licencier"

Les salariés de Vivarte seront fixés ce mardi sur le nombre de licenciements dans leur groupe. Les syndicats redoutent entre 1.500 et 2.000 suppressions de postes.
Deux plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) et des cessions d'enseignes annoncées: les craintes des salariés du groupe en difficulté Vivarte (La Halle, André, Caroll...) se sont confirmées lundi, selon les syndicats, mais le détail de ces mesures ne sera connu que mardi. A La Halle Aux Chaussures, où 97 fermetures de magasins ont d'ores et déjà été annoncées en septembre, le plan devrait, par exemple, être élargi. Les syndicats craignent un doublement des fermetures. Au total, les syndicats redoutent entre 1.500 et 2.000 suppressions de postes.
"C'est dégueulasse"
Devant le siège du groupe, Gérald Gauthier, du syndicat FO, se montre très remonté car le groupe a largement (14 millions d'euros selon les syndicats) bénéficié du CICE, le crédit d'impôt compétitivité, sans que les salariés n'en voient la couleur. "C'est dégueulasse, s'emporte-t-il. On a demandé à Bercy s'ils contrôlaient l'utilisation de ces fonds. On nous a gentiment répondu que non, que c'était pareil pour tout le monde et qu'ils ne contrôleraient pas ces fonds".
Du côté de Bercy, on explique que le CICE est touché automatiquement et qu’il a permis de sauver des emplois. Pas de quoi convaincre Karim Cheboub, représentant CGT à Vivarte: "On ne comprend pas comment l'Etat peut distribuer des millions d'euros dans un groupe qui n'arrête pas de licencier. Pour résumer les choses, c'est notre argent que nous donnons aux entreprises qui nous licencient". Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, s'est rendu devant le siège du groupe Vivarte ce lundi pour apporter son soutien aux salariés.
"Il faut que l'Etat sanctionne"
Il a lui aussi dénoncer le manque de contrôle dans les aides de l'Etat: "On a une entreprise qui bénéficie des aides publiques et qui a un comportement irresponsable. C'est le gain financier qui intéresse les actionnaires. C'est leur unique objectif. Il faut donc que l'Etat contraigne, voire même sanctionne. C'est aussi la démonstration que certaines entreprises ne jouent pas le jeu. Mais ce n'est pas nouveau. En effet, cette entreprise ne bénéficie pas seulement du CICE mais aussi de beaucoup d'autres aides. Il faut donc dénoncer cette situation inacceptable".
Cependant, pour Alain Trannoy, économiste, ce n’est pas le montant touché par Vivarte qui aurait pu sortir le groupe de la crise. "Le CICE n'a pas pour but d'arriver à rendre profitable des entreprises qui, peut-être, ne l'étaient pas, estime-t-il. Cela peut donner un ballon d'oxygène mais cela ne peut pas résoudre les problèmes fondamentaux d'une entreprise". Car Vivarte fait face à une dette énorme: 1,15 milliard d’euros.
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