Wikileaks: tout comprendre de l'affaire de l'extradition de Julian Assange

EXPLIQUEZ-NOUS - La justice britannique a refusé lundi l'extradition vers les Etats-Unis de Julian Assange, le fondateur de Wikileaks. Les Américains sont furieux et vont faire appel.
Les Américains et en particulier les militaires américains sont furieux parce qu'ils ont subi un camouflet. Julian Assange est leur ennemi numéro un. Il est poursuivi pour espionnage, il risquait 175 ans de prison et certains trouvaient cela trop clément. Donald Trump avait dit qu’il méritait la peine de mort. Et Joe Biden l’avait qualifié de terroriste. Depuis 10 ans, la justice américaine voulait mettre la main sur lui et à la surprise générale ont a appris qu’il ne sera certainement jamais jugé aux Etats-Unis.
Pourquoi tant de haine?
Parce que Julian Assange, cet informaticien australien qui a bientôt 50 ans, est un adepte de la transparence absolue alors que les militaires souhaitent le secret absolu. Julian Assange est un anarchiste de l’info qui défend l’idée que tout doit être publié, sans filtre quelque soit les conséquences de ces publications.
Entre 2010 et 2012, sur son site Wikileaks, il a ainsi publié des centaines de milliers de documents, la plupart fournis par un jeune analyste militaire, le soldat Manning. Qui a été arrêté et condamné à 35 ans de prison. Puis finalement gracié par Barack Obama.
Que contenait ces documents?
D’abord une vidéo prouvant une bavure américaine en Irak. Un hélicoptère tirant sur des civils à Bagdad. Puis des milliers d'autres documents secrets et parfois compromettants sur les activités de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan. Puis enfin des centaines de milliers de correspondances entre les ambassadeurs américains dans le monde et leur ministère. Avec par exemple les commentaires très désobligeants de l’ambassadeur à Paris sur Nicolas Sarkozy. Ou plus sérieusement des preuves que les Américains espionnent leurs alliés, dont la France.
Est-ce que c’était légal de publier ces informations ?
C’est toute la question. Les défenseurs de Julian Assange le considèrent comme un journaliste et un lanceur d’alerte. Protégé en tant que journaliste par la constitution américaine et toutes les lois sur la liberté d’expression.
La justice américaine, elle, le considère non pas comme un journaliste mais comme un hacker qui n’a fait que divulguer des documents volés et mis en danger la vie des soldats ou des agents secrets nommés dans ces documents.
Lundi, la justice anglaise a plutôt tranché en faveur des Américains. La juge britannique a statué que les activités de Wikileaks n'étaient pas du journalisme et que les Américains pouvaient légitimement vouloir juger Julian Assange.
Et pourtant cette même juge a refusé son extradition pour des raisons médicales : l'état de santé de Julian Assange n’est pas compatible avec une détention aux Etats-Unis, détention qui aurait lieu dans un prison de haute sécurité avec des mesures d'isolement total.
Autrement dit, une juge britannique estime que les conditions de détention aux Etats-Unis seraient trop dures pour cet homme suicidaire qui semble en train de perdre la tête.
Il a été “cassé” par une très dure détention en Grande-Bretagne
Ce que la juge ne relève pas c’est : Pourquoi Julian Assange est effectivement aujourd’hui au bout du rouleau ? C’est parce qu’en Angleterre il a déjà subi depuis presque deux ans des conditions de détention épouvantables. A l’isolement total. Sans visite, sans contact avec les autres détenus. Deux fois, des collèges de médecins ont dénoncé un traitement qui s’apparentait à de la torture…
C’est donc un paradoxe, Julian Assange va échapper à une très longue et très dure détention aux Etats-Unis parce qu’il a été “cassé” par une très dure détention en Grande Bretagne.
Pourquoi cette procédure d’extradition a duré presque 10 ans
Parce qu’il a échappé à la justice en se réfugiant dans l'ambassade de l'Equateur. Il y a passé 7 ans. Je l’avais rencontré là- bas. Je l’avais trouvé très tendu, très nerveux. L’ambassade était en réalité un petit deux pièces en rez-de-chaussée.
Dont il n’a jamais pu sortir parce qu’un policier l’attendait à la porte 24H/24. La cohabitation était assez difficile avec les trois diplomates équatoriens. C’était déjà une sorte de prison dans lequel il s'était enfermé lui-même, pour échapper à l'enfermement aux Etats-Unis.
Que va-t-il se passer maintenant?
La justice anglaise va se prononcer demain sur la demande de mise en liberté et logiquement il devrait sortir de prison. La question est de savoir s’il sera autorisé à voyager.
Il pourrait demander l’asile politique en France ? Son avocat Eric Dupond Moretti l’avait déjà demandé en 2015 avabnt de devenir ministre. Notamment parce que son dernier fils est français et vit en France.
Sinon le mexique a déjà proposé de l'accueillir.
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