Y-a t-il une autocensure des professeurs de collèges et lycées sur les questions de laïcité?

Près d’une prof sur deux, 49% précisément, affirme s’être déjà auto censuré sur des questions religieuses par crainte d’éventuels incidents. Ce chiffre est en hausse de 13% en deux ans.
La Fondation Jean Jaurès a publié la semaine dernière une étude intitulée : les enseignants face aux contestations de la laïcité, et ses résultats sont éloquents… Ainsi, près d’une prof sur deux, 49% précisément, affirme s’être déjà auto censuré sur des questions religieuses par crainte d’éventuels incidents, c’est une hausse de 13% en deux ans. Enfin 53% des enseignants ont eu affaire au moins une fois à une contestation en classe au nom de la religion, la plupart du temps lors de cours dédiés à la laïcité…
"Après 40 ans d’enseignement, j’ai vu le phénomène augmenter régulièrement. Je l’ai vu apparaitre en 1990 et nous en sommes arrivés là où nous en sommes, le sondage n’a rien d’étonnant", juge ce mercredi sur RMC Bruno Modica, professeur d'histoire-géographie à Béziers. "Il y a une culture de l’excuse partagée par un certain nombre de professeur et largement diffusée dans l’ensemble de l’institution scolaire. Cela se traduit par le 'pas de vague'", ajoute-t-il. "Il y a deux attitudes, la fermeté, ou la culture de l’excuse".
"Il y a une islamo-radicalisation par le bas"
"Dans la plupart des cas chez les professeurs concernés, il y a d’abord l’envie de ne pas avoir d’histoires. Sur un problème de ce type, l’enseignant se retrouvera seul et on l’a vu avec Samuel Paty, lâché par sa hiérarchie. Il y a une islamo-radicalisation par le bas. Cela passe par des petits sujets mais qui sont permanents et diffus et extrêmement difficiles à combattre", ajoute l’enseignant.
Bruno Modica estime aussi que le ministère accompagne très peu les enseignants : "Il y a les annonces et la réalité du terrain. Dans l’Education nationale, quand on n’a pas de solution de terrain, on créé une fonction avec le référent laïcité ou le référent valeur de la République. Ces gens viennent dans les établissements mais comme la position est très ambigüe et qu’il y a une défiance de la part des enseignants, cela ne marche pas !"
L’étude de la Fondation Jean Jaurès révèle également que 59% des professeurs interrogés disent avoir observé des comportements relevant du séparatisme religieux, comme l’absence de jeunes filles en cours de sport par exemple. Enfin, 9% estiment que Samuel Paty n’aurait pas dû montrer à sa classe les caricatures de Mahomet.
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