Comment faire de nos pépites des licornes ?

Leechi.com a trouvé son relais de croissance en s’adossant à une grande banque française qui a fait le pari d’investir dans cette nouvelle solution technologique pour « réunir de l’argent » dans le but de concrétiser un projet.
Même cas de figure pour la conciergerie privée John Paul qui est devenue une filiale du groupe français AccorHotels.
Hormis quelques exceptions, les grands groupes de notre pays semblent peu intéressés et engagés dans le développement de nos startups ou PME, ce qui pousse bon nombre de nos « pépites » à quitter le territoire ou à trouver des financements étrangers comme l’a fait OVH (hébergeur Internet européen basé à Roubaix) qui a annoncé avoir levé 250 millions d’euros auprès de fonds… américains, pour l’essentiel. OVH est devenu une licorne - valorisée à plus d'un milliard de dollars - et leur objectif est désormais de devenir un acteur mondial de l’hébergement internet face aux géants du secteur que sont Amazon Web Services ou encore Microsoft.
Mais combien d’autres PME françaises ne sont pas parvenues à trouver le bon « partenaire financier » et ont été contraintes de quitter le territoire ? Cet été, la pépite « Medtech » basée à Montpellier, dont le fondateur Bertin Nahum a été classé en 2012 par le magazine scientifique Discovery Series, 4e entrepreneur le plus révolutionnaire au monde, derrière les Américains Steve Jobs, Mark Zuckerberg et James Cameron. Et pourtant cet équipementier médical et créateur de robots chirurgicaux uniques au monde, a vendu son entreprise au groupe américain Zimmer pour quelques 70 millions d’euros. Aucun laboratoire français n’était sur les rangs ?
Autre exemple marquant: Withings, spécialiste des objets connectés « made in France » a été racheté par Nokia pour 170 millions d’euros. Un peu avant l’été, c’était Capitaine Train, site de réservation européen de billets de train, racheté par un groupe britannique pour 200 millions d’euros. La SNCF l’a laissé s’échapper …
Alors que se passe-t-il ? Ne fait-on pas confiance à ces entreprises qui, une fois accompagnées lors de leur lancement, sont obligées de vendre leur savoir-faire à l’étranger pour assurer leur développement ? Les dirigeants de grands groupes, les pouvoirs publics, les différents fonds d’investissement ont-ils une vision à court terme qui condamne nos futurs champions mondiaux ? Autant de questions, qui au vu de l’actualité n’ont pas de réponse à ce jour.
Concernant le financement du développement de nos PME, Bertin Nahum de Medtech indiquait récemment : « Ça fait 14 ans que je me bats pour créer de l'emploi. J'ai été relativement seul. Une société de capital-risque régionale a mis 10 ans à entrer au capital, et a revendu ses parts il y a trois mois… »
Pourant il existe des solutions financières pour les phases d’amorçage de nos startups, par exemple le CIR (Crédit Impôt Recherche) pour les entreprises innovantes, quelques fonds de capital-risque qui osent toujours parier sur l’avenir de certaines « pépites prometteuses ». Mais est-ce suffisant ? Visiblement non, car les entreprises en croissance ne trouvent pas de partenaires et se font racheter par des groupes étrangers.
Alors, il ne faut pas se voiler la face, les prêts bancaires classiques se font rares et ne financent que très rarement le développement d’une PME. Cette absence constatée par bon nombre d’entrepreneurs a donné naissance à de nouvelles solutions d’investissement qui commencent à s’installer dans le paysage économique, comme les sites de crowdlending qui permettent à tout un chacun de prêter de l’argent à une PME pour financer son démarrage ou un de ses projets. Autre nouveauté, plus institutionnelle, les fonds européens, dans le cadre du plan Juncker, qui, pour faire simple, prévoit 315 milliards d’euros d’investissement en Europe sur 3 ans. Il est destiné à financer des secteurs de croissance. Cet été, plus de 13 milliards d’euros ont ainsi été injecté dans les PME françaises d’une certaine taille, qui avaient besoin de financer leurs projets.
Soulignons également qu’aujourd’hui, et le phénomène est assez nouveau, les assureurs, à travers des fonds spécifiques, s’intéressent aux TPE/PME, sans en attendre des taux de rendements à deux chiffres !
D’autres, et c’est ce que nous avons vu dans les candidatures pour les Trophées PME Bougeons Nous font le choix d’entrer sur le marché boursier pour lever des fonds.
Enfin, autre dispositif, même si nous n’avons pas encore le recul nécessaire car il est assez récent: le prêt entre entreprises. Jusqu’à présent seuls les établissements de crédit et les société de financement pouvaient effectuer des opérations de crédit. La loi Macron autorise désormais et sous conditions, les prêts entre entreprises sur une durée de deux ans maximum. Ainsi, il n’est pas impossible d’imaginer qu’une PME voit son plus « gros » client lui prêter de l’argent !
Reste que si de nouvelles solutions existent, rien ne remplace le manque de confiance ambiant dans notre économie. Une confiance dans l’avenir, les perspectives de nos pépites et leurs projets. Heureusement, les 888 entrepreneurs candidats aux Trophées PME Bougeons Nous gardent confiance, c’est ce qu’ils nous ont dit et démontré. Et ils ne manquent pas de projets !
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