Pas de médecin dans votre village ? Le gouvernement a peut-être une solution pour les faire venir : leur assurer un revenu minimum pendant deux ans, afin de les inciter à s’installer dans les déserts médicaux. Depuis hier jeudi, un jeune médecin généraliste qui souhaite s'installer en zone de « désert médical » aura 3 640 euros par mois garantis, pour les deux premières années de son installation. Cette mesure avait été promise par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, début décembre. 200 contrats de ce type seront signés en 2013.
5% de la population dans un désert médical
En France, il y a en moyenne 83,6 médecins généralistes pour 100 000 habitants. Le ministère de la Santé considère qu'un territoire est un désert médical quand la densité de médecins par rapport à la population est de 30 % inférieure à la moyenne nationale, les deux régions les moins pourvues étant la Picardie et le Centre. 3,1 millions de Français vivraient donc dans un désert médical, soit 5% de la population.
« Ça fait partie de nos responsabilités »
Claire-Marie Chapuis, étudiante en 4e année de médecine à Besançon, profiterait bien de l’offre du gouvernement une fois ses études terminées. « Ça peut être un choix que je ferai, pourquoi pas. Une incitation comme celle-là favorise une certaine sécurité, financière au début, et une patientèle qui peut suivre. Mais quand on prend la décision de partir, on engage notre vie personnelle, nos copains, parfois nos enfants, et ce n’est pas toujours simple. Mais ce ne sera pas si lourd que ça à porter, parce que je considère que ça fait partie de nos responsabilités de médecin d’assurer nos services à l’ensemble de la population, et pas à quelques personnes ciblées parce que c’est plus confortable pour nous ».
« L'argent, c'est tout, sauf le problème »
Mais Julien, médecin généraliste remplaçant depuis quatre ans autour de Nantes (Loire-Atlantique), ne voit pas l’intérêt. « A titre personnel, je ne m’installerai pas dans un désert médical pour 3600 euros garantis. Si c’est un réel désert, s’il n’y a pas de poste, de collège, de lycée, je ne vois pas ce qui inciterait le médecin à s’installer ». Selon ce jeune médecin, les contraintes sont trop lourdes comparées aux avantages. « S’il n’y a pas de travail pour le conjoint, ce n’est pas non plus intéressant. Et si le médecin se retrouve seul à 50 km d’un hôpital, à faire des gardes une nuit sur deux et bosser 80 heures par semaine, ça ne peut pas non plus l’inciter à s’installer. L’argent, c’est tout, sauf le problème, car les médecins peuvent trouver un travail n’importe où en France ».
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