525 morts selon le bilan officiel, plus de 2 000, selon les Frères musulmans : difficile de connaître le bilan réel de la journée de violences mercredi en Egypte, où la police a délogé les partisans du président déchu Mohamed Morsi de leurs campements. L’évacuation des deux places occupées depuis le 3 juillet a aussi fait 43 victimes dans les rangs des policiers, et 3 500 blessés, précise le dernier bilan : 10 000, selon les Frères musulmans. Conséquence immédiate, l'état d'urgence a été décrété pour au moins 1 mois, avec couvre-feu de 19h à 6h au Caire et dans 13 des 27 Provinces du Pays. Ce recours à la force a été condamné par la Communauté internationale.
Le vice-président démissionne
Selon le gouvernement égyptien, la police a pourtant agi « avec la plus grande retenue ». « Les instructions étaient de n'utiliser que les gaz lacrymogènes, pas d'armes à feu », a assuré le ministre. « Mais quand les forces de sécurité sont arrivées, elles ont été surprises par des tirs nourris ». Les partisans pro Morsi appellent déjà à de nouvelles manifestations pour « dénoncer le coup d'Etat militaire ». Mohammed El Baradei le vice-président du gouvernement par intérim a démissionné, car opposé au recours à la violence, et le chef du gouvernement intérimaire égyptien a promis de poursuivre la mise en œuvre du processus qui doit conduire à des élections début 2014.
Des condamnations unanimes
En France, c’est le Ministre des affaires étrangères Laurent Fabius qui a annoncé qu’il allait saisir l’ONU. « La France déplore très vivement les violences survenues au Caire lors des opérations d'évacuation. La France appelle les parties à faire preuve de la plus grande retenue », a annoncé le ministre alors que Washington condamne la proclamation de l'état d'urgence et l'usage de la force. John Kerry demande à l'armée de faire des élections rapidement. De leur côté, l'UE réclame la levée de l'état d'urgence « dès que possible », Ankara parle d'un massacre et exhorte l'ONU à stopper le massacre, et Ban Ki Moon, le secrétaire général de l'ONU, a condamné dans les termes les plus forts. Suffisant ?
« On peut couper l
Pour Resk Shehata, « c’est le devoir de l’Europe d’aider » l’Egypte. Membre de l'organisation franco-égyptienne des Droits de de l'Homme, il invite à « écouter ce que veut le peuple égyptien et aider dans ce sens. Est-ce que le peuple égyptien veut un Etat religieux ? Non. On peut couper l’argent aux Frères musulmans, geler leurs avoirs, ils ont des sommes énormes. Il faut que la politique européenne comprenne mieux que la politique américaine qu’ils ont un rôle dans ce qu’il se passe, car l’Egypte concerne le monde entier. Si l’Egypte est touchée, tous les pays autour le seront aussi ».
« Les Américains impuissants et indifférents »
Mais Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l'Egypte, ne croit pas à la moindre intervention. « Je crois que la solution qui va adoptée est une non-solution, une passivité devant ce qu’il se passe de la part des diplomaties occidentales. On a à faire à une sorte de désagrégation en chaîne de l’ensemble de la région devant laquelle les Américains sont non seulement impuissants mais indifférents, parce que c’est loin de chez eux. Quant aux Européens, ils sont divisés, en crise, ils ont d’autres problèmes et ne se rendent peut-être pas compte de la gravité de ce qu’il se passe en Egypte ».
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