Les mauvaises traditions ont la vie dure dans les grandes écoles : le parquet de Lille a ouvert mercredi une information judiciaire contre X suite au bizutage d'un étudiant en première année à l'Edhec, une école de commerce de Lille. Dans la nuit du 17 au 18 octobre, lors d'une soirée d'intégration, le jeune homme a été obligé de boire de grandes quantités d'alcool.
Il a été retrouvé au petit matin dans la cour de l'immeuble, souffrant de multiples fractures et d'une commotion cérébrale, après être probablement tombé de la fenêtre du 2e étage où se déroulait la soirée. Une soirée très arrosée, où les élèves bizutés se sont retrouvés en caleçon, tenus de boire une bouteille d'alcool pur qu'ils portaient scotchée au poignet.
Après plusieurs opérations, l'étudiant va mieux mais ses parents se disent « horrifiés » et d'après son père, il va porter plainte. Selon Isabelle, la mère, son fils ne se souvient de rien : « Peu de temps après son arrivée, il s’est senti très mal après avoir bu, et ne se souvient de plus rien jusqu’à son arrivée à l’hôpital. Il était obligé de boire, sinon il recevait une tape sur la figure. »
Les autres ont expliqué l'avoir laissé là pour finir la nuit en discothèque.
« Tant qu'il n'y aura pas de sanction exemplaire, ça continuera »
Marie-France Henry, présidente du Comité national contre le bizutage, se prononce pour des mesures dissuasives. « Tant qu’il n’y aura pas de sanctions exemplaires, ça continuera ». Elle dénonce « des élèves qui ont fait classe prépa et intégré de grandes écoles, capables de se conduire ainsi et de mettre en péril leur avenir ». Pour elle, « l’élite n’est pas exclue et ne doit pas être traitée différemment » des autres Français.
Alexandre Sauvage est le président de l'association Course-croisière Edhec, qui organisait la soirée d'intégration. Il n'était pas présent ce soir-là, mais selon lui les actes de bizutage ne sont pas à l'origine de l'accident. « Les organisateurs m’ont raconté, notamment l’histoire de la bouteille scotchée et du pantalon baissé. Personne ne sait ce qui s’est passé, personne n’était présent lors de l’accident.»
L’enquête devra déterminer ce qui s'est précisément passé. En attendant, la direction de l'école a décidé de suspendre les aides aux associations jusqu'à nouvel ordre, avant d'envisager des sanctions, jusqu'à l'exclusion, pour les organisateurs, qui risquent une peine de six mois de prison.
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