Cela paraît logique de se dire que s’il y a du chômage, c’est que le travail coûte trop cher. Mais il faut se méfier. Ce que dépensent les entreprises sous forme de salaires est le revenu de la population et donc les débouchés des entreprises. Ce qu’elles dépensent sous forme de charges est le revenu des retraités ou les dépenses de soin de la population, et cela correspond à un service rendu. Donc baisser les charges suppose que l’on trouve un autre mode de financement des retraites et de la santé. Si par exemple on augmente la TVA, cela augmentera les prix, diminuera le pouvoir d’achat et la consommation. Ce que réclame Pierre Gattaz suppose donc une réflexion plus vaste sur qui paie quoi et pour quoi
On peut quand même penser qu'une des raisons pour lesquels les entreprises n'embauchent pas est le fait que cela leur coûte trop cher
Bien sûr, et le gouvernement en a conscience puisqu’il n’augmente plus le SMIC que de montants dérisoires. Mais il y a d’autres facteurs qui jouent : les rigidités du code du travail par exemple. Si on a la conviction qu’il est impossible ou en tous cas très difficile de licencier, on limite les embauches aux salariés qui offrent le plus de garantie en termes d’expérience et de niveau de formation. Et tout le monde connaît le problème des seuils de déclanchement de certaines obligations qui font que beaucoup d’entreprises limitent leur personnel à 49 personnes.
Concrètement faut-il ou non réduire les charges sociales ?
C’est l’idée du choc de compétitivité qui sous-tendait le rapport Gallois. Or, la première application de ce rapport, au travers du CICE, a profité surtout …à la Poste !
En fait, tout le monde est aujourd’hui à peu près d’accord pour dire que les entreprises paient trop d’impôts sous toutes les formes, y compris de charges, et que cela les fragilise. Mais il y a une formule de l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt qui dit « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ». C'est-à-dire que pour déduire le chômage, on peut soit essayer de conserver les emplois actuels, soit essayer de faire émerger de nouveaux types d’emploi. Cette deuxième solution nécessite en général des investissements, donc des profits si bien que l’impôt qu’il faut baisser, c’est l’impôt sur les sociétés.
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