A l'heure actuelle, il est interdit de privilégier une entreprise plutôt qu'une autre selon la taille ou son implantation géographique. C'est contraire au principe de libre concurrence prévu dans le droit communautaire et la Constitution. Mais Arnaud Montebourg, dans son programme présidentiel, propose de réserver aux petites et moyennes entreprises françaises l’attribution de 80% des marchés publics pendant une période de huit ans, "le temps que la France se réindustrialise". L'idée est d'empêcher de grandes entreprises étrangères de rafler les marchés publics français, aux dépends des PME nationales.
Une mesure soutenue par Vincent You, adjoint Les Républicains au maire d'Angoulême, en charge des finances et directeur de l'hôpital de Confolens (Charente).
"Cela me paraît être du bon sens, une nécessité. Aujourd'hui, on est obligés de trouver des systèmes, des manières légales pour contourner le cadre habituel des marchés publics. Ici et là, des élus locaux ont déjà mis des choses en place. Je l'ai par exemple fait à Angoulême pour les achats alimentaires et pour les chantiers de travaux publics afin de faire reculer le recours au travail détaché. Mais ça serait une bonne chose que ce soit un objectif politique partagé au niveau national et que ça se traduise dans la loi".
"Il faut gagner en compétitivité"
Et d'estimer que "soutenir l'emploi local est une économie à long terme. Cela permet de diminuer le chômage, d'inverser la fameuse courbe du chômage dont on ne parle plus. Je crois qu'au final c'est une économie pour tout le monde". Mais pour le député PS de Gironde Gilles Savary, cette mesure revient à claquer la porte de l'Europe.
"Je ne vois pas bien ce que cela apporte si ce n'est du chômage comme tout repli national. Cela va faire des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires. De plus, la France a voulu l'Europe par le marché. Or, si aujourd'hui on nous explique que les appels d'offres français sont français, il faut expliquer très clairement que l'on va quitter l'Europe. Ce qui est absolument impossible, totalement illusoire".
"Ce qu'il faut, c'est gagner en compétitivité, qu'on amène notre système productif à être beaucoup plus compétitif, estime-t-il encore. Je ne suis pas naïf, je pense qu'il faut privilégier notre industrie au maximum. Mais la reconstruire suppose des mesures autrement courageuses que celles proposées par Arnaud Montebourg. Ce n'est pas interdire les autres m ais de dire aux Français qu'il faut que nous soyons aussi performant que les autres".
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