Après les emplois francs et les emplois d'avenir, voici la «garantie jeunes». Matignon a rendu public lundi soir les dix territoires pilotes choisis pour mettre en œuvre à l'automne cette allocation d'environ 450 euros mensuels pour des précaires entre 18 et 25 ans.
Pour le gouvernement, il s'agit d'atteindre ces jeunes isolés et sans ressources, non couverts par le RSA, qui est accessible à partir de 25 ans.
Une sorte de "RSA jeunes", mais avec des contreparties (stages, formations aux démarches administratives, insertion dans un milieu professionnel...).
Ce dispositif va être testé à la rentrée pour une première vague de 10 000 personnes concernées, dans les Bouches-du-Rhône, la Seine-Saint-Denis, la Réunion, le Vaucluse, le Lot-et-Garonne, l'Allier associé au Puy-de-Dôme, le Finistère, l'Eure, l'Aude et les Vosges, ont annoncé les services du Premier ministre dans un communiqué.
D'autres départements pourront ensuite tester cette mesure en 2014.
Le jeune doit faire ses preuves
Matignon souhaite atteindre 100 000 garanties jeunes, chaque année au niveau national, pour un coût estimé de 540 millions d'euros. Dans les missions locales, un comité spécial doit d'abord se réunir pour identifier quels sont les précaires qui peuvent bénéficier de cette aide. Dans le département de l'Eure, par exemple, les services d'insertion en comptent 600 pour l'instant. S'ils acceptent, les jeunes signent un contrat d'un an, renouvelable. Tous les mois, ils reçoivent 450€. En échange, ils se soumettent aux exigences de la mission locale : être présent à des groupes de travail, à des formations aux démarches administratives, ou même suivre des séminaires d'insertion professionnelle en entreprise. Et si un contrat de travail se présente, c'est obligatoire, il faut l'accepter. Le jeune doit faire ses preuves, car si le contrat n'est pas respecté, la mission locale peut à tout moment couper les versements.« S'il n'est pas motivé, ça s'arrête »
Maëlane vit dans l’Eure. A tout juste 18 ans, elle est déscolarisée et sans travail depuis six mois, à l'écart du réseau d'aide à l'emploi. Elle est démotivée. « On n’a pas l’habitude de travailler ; j’ai fini les cours en mars, je le dis clairement, je ne cherche pas tous les jours du boulot ».
La garantie jeune lui permettrait d'obtenir 450€ mois pour son loyer et de bénéficier d'un encadrement strict dans une mission locale : « Ce serait mieux, si on voyait les conseillers plus souvent, ils pourraient nous aiguiller, nous dire où les employeurs ont des besoins. Ça me motiverait pour me lever le matin », assure la jeune fille.
La directrice de la mission locale d'Evreux, Sophie Renollaud, refuse de voir la mesure, surveillée de très près, comme de l’assistanat. « Le jeune, c’est lui qui doit faire les démarches. S’il n’est pas motivé, à un moment, ça s’arrête ».
De la même façon, Luc Debreuil, chargé des questions d'insertion au conseil général de l'Eure et à l'origine de la démarche pour ce département, assure que cette mesure ne va pas inciter à la paresse. « On ne va pas donner 450€ à des personnes qui ne font rien par elles-mêmes. Des objectifs vont être fixés par les accompagnateurs. Du côté du jeune, il y a obligation de se bouger. On peut demander à ce qu’il aille à des rendez-vous, donc on l’oblige à faire des démarches qui ne sont pas très naturelles au départ », explique-t-il. L'Eure souhaite cette année réinsérer 1000 jeunes précaires dans le monde du travail.
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