Quelle sera la réaction de la France ? François Hollande doit prononcer ce mardi à 17h un discours très attendu devant l'ensemble des ambassadeurs français. Il devrait préciser la position française sur la Syrie au moment où se dessine une éventuelle intervention militaire alliée contre le régime de Bachar al-Assad.
« Tout va se jouer cette semaine. On ne peut rester sans réagir », a confié le chef de l’Etat lundi au journal Le Parisien. « Il y a plusieurs options sur la table, qui vont du renforcement des sanctions internationales aux frappes aériennes en passant par l’armement des rebelles. Il est encore trop tôt pour se prononcer de façon catégorique sur ce qui va se passer ». Sur RMC jeudi dernier, Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, affirmait qu’une « réaction de force » serait nécessaire en cas d’utilisation d’armes chimiques, même si le recours à des troupes au sol n’était pas envisagé.
Des preuves « incontestables » pour Washington
En attendant les résultats de l'enquête de l'ONU, actuellement en cours sur l’utilisation d’armes chimiques, l'hypothèse d'une intervention militaire des nations occidentales est donc sur la table.
Pour autant, les Etats-Unis n'interviendront en Syrie que dans un cadre légal et de concert avec la communauté internationale. Lundi, John Kerry a tout de même durci le ton en affirmant que les preuves du recours à l'arme chimique étaient désormais « incontestables » et en accusant le régime de Damas de chercher à étouffer l'affaire. En revanche, Barack Obama « n'a pas pris sa décision » d'après le porte-parole de la Maison-Blanche mais, quoiqu'il en soit, « il n'y aura aucune botte américaine sur le sol syrien ».
Se passer de l'ONU ?
Mais une intervention militaire hors cadre de l'ONU est envisagée par d'autres, comme la Turquie ou le Royaume-Uni. Lundi, le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré que « si une telle décision ne peut pas émerger du Conseil de sécurité de l'Onu, d'autres options devront être étudiées ». Lundi matin, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a indiqué qu'il était possible de répliquer à cette attaque chimique présumée même en l'absence de position unanime du Conseil de sécurité de l'Onu. La France, elle, reste prudente mais ne semble pas vouloir rester de marbre : « la seule option que je n'envisage pas, c'est de ne rien faire », a déclaré Laurent Fabius.
« La France a des intérêts stratégiques »
L’intervention, Fahad al-Masri, porte-parole en France de l'Armée Syrienne Libre (opposition), croit en cette intervention. « Ce sera trop dangereux si la France n’intervient pas. Je ne crois pas que la France soit capable de garder le silence sur un génocide et des crimes contre l’humanité organisés en Syrie. La France a des intérêts stratégiques en Syrie et au Proche-Orient. Je pense que l’intervention militaire sera faite très prochainement, avec des bombardements aériens très rapides et très forts et le régime de Bachar Al Assad va disparaître très vite ».
« Si c'est pour remplacer Bachar Al Assad par des islamistes... »
Mais pour le député UMP du Rhône Philippe Meunier, il serait bien trop risqué d’intervenir de quelque manière que ce soit tant que rien n’est certain. « Le risque sera terrible, non seulement pour la région, mais aussi l’Europe », affirme l’élu, qui craint de reproduire ce qu’il s’est passé en Irak. « Si c’est pour remplacer Bachar Al Assad par des islamistes qui veulent imposer la charia, il est hors de question d’intervenir. Aujourd’hui, aucune preuve n’est apportée sur l’utilisation de gaz chimiques par le régime en place. Rappelons-nous les armes de destruction massive de Saddam Hussein, qui n’ont jamais été trouvées. Donc moi, je veux, avec mes collègues parlementaires, des preuves sur une véritable utilisation d’armes chimiques par Bachar Al Assad ».
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