C'est une initiative assez rare pour être soulignée: les évêques de France ont adressé une lettre ouverte à François Hollande, dans laquelle ils expriment leur colère contre la création d'un délit d'entrave numérique. La proposition de loi (d'initiative gouvernementale) sera débattue jeudi par les députés. Elle vise à pénaliser les sites internet qui propagent de fausses informations sur l'avortement et tentent de dissuader les femmes de réaliser une IVG. Inquiète d'une atteinte à la "liberté d'expression", l'Eglise demande à François Hollande de ne pas "laisser le texte arriver à son terme".
Selon vous, faut-il instaurer un délit d'entrave numérique? Faut-il fermer ces sites internet critiques vis-à-vis de l'IVG?
POUR - Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général et porte-parole de la Conférence des Evêques de France
"L'avortement est quelque chose de grave. C'est un acte lourd. En conséquence, il paraît très important au président de la Conférence des Evêques que toute latitude soit laissée à la femme pour pouvoir réfléchir. Donc ce délit d'entrave numérique paraît comme empêcher la femme de réfléchir. Il y a cette liberté de choix et il y a aussi cette question de la liberté d'expression.
La proposition de loi vise la pénalisation de sites qui donneraient des informations fausses ou biaisées. Mais qu'est-ce qu'une information fausse ou biaisée? Qu'est-ce que c'est que cette pression morale et psychologique dont on parle? Est-ce que ça ne pourrait pas être quelque chose finalement qui ne plaît pas? Le risque de cette proposition de loi est que finalement les femmes n'aient plus d'autre choix que de recourir à l'avortement."
CONTRE - Veronica Noseda, coordinatrice nationale du Planning Familial
"Je pense qu'il y a une grande confusion parce que personne ne veut empêcher les personnes qui ont des convictions contre l'avortement de s'exprimer. Nous allons les combattre mais nous ne voulons pas qu'elles soient empêchées de s'exprimer. La question est différente. Elle concerne des sites ou des personnes qui diffusent des fausses informations, qui manipulent. Manipulations et mensonges qui peuvent avoir des conséquences dramatiques.
Quand je vois les agissements de ces dernières semaines, je suis très inquiète parce que les droits des femmes sont instrumentalisés de part et d'autres. Je pense qu'il faut sortir de cette agitation qui est relative à la campagne électorale. Il faut se concentrer sur ce qui nous importe: la liberté de choix et d'autonomie des femmes".
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