Pour la première fois depuis 1988 et Jean-Paul II, le pape vient au Parlement européen de Strasbourg ce mardi matin. Une visite éclair de quatre heures consacrées aux institutions européennes et uniquement destinées aux députés européens. En théorie, 751 députés issus des 28 pays de l’UE écouteront le discours du Souverain pontife, venu délivrer un message politique à l’Europe en crise: crise économique, institutionnelle et géopolitique. Il devrait être ainsi question des tensions entre l'Ukraine et Moscou.
Pas question donc de délivrer de message religieux. Le Vatican ne voulait pas de confusion, et c'est pourquoi il n'y aura pas de messe du pape argentin au cœur de la cathédrale de Strasbourg, pourtant toute proche du parlement européen. "Ce qui nous intéresse, ce n'est pas qu'il soit catholique, explique d'ailleurs Alain Lamassoure, vice-président du Parti populaire européen (PPE), qui regroupe les partis de droite. Ce qui nous intéresse c'est qu'il porte un message – un message du 21e siècle-, qui puisse être entendu par beaucoup d'hommes, qu'ils aient ou non une appartenance religieuse".
"Un manquement aux règles de la laïcité"
Mais cette visite, même si elle ne se veut pas religieuse, n'est pas du goût de plusieurs députés qui s'offusquent d'une telle visite au sein d'institutions politiques et laïques. Pour l'eurodéputé Jean-Luc Mélenchon, cette visite papale est "un manquement aux règles de la laïcité". "Les religions sont aujourd'hui un facteur de guerre dans le monde, et voici que l’État du Vatican, grand comme deux rues, va venir ici nous expliquer ses visions sur la manière de conduire l'Europe. C'est une comédie que je ne trouve pas très saine", dénonce le coprésident du Parti de gauche sur BFMTV.
"Je trouve qu'un monologue d'un chef religieux devant la session plénière du parlement européen, ce n'est pas le bon format (sic), poursuit Sophie In’t Veld, eurodéputée néerlandaise du parti Démocrates et libéraux. Personnellement je n'irai pas". Elle dénonce certaines positions du Vatican sur les questions de société notamment. "On va écouter le pape qui est farouchement contre l'avortement, par exemple", rappelle-t-elle sur RMC.
"Le Pape est capable de faire bouger les lignes"
Une vision que ne partage pas José Bové, eurodéputé Europe Écologie les Verts. Pour lui, "le dialogue entre l'ensemble des communautés spirituelles et les politiques n'est pas scandaleux, au contraire. Il n'y a pas d'interférences, il y a un message donné au monde. Le pape François a un message sur la précarité, sur la pauvreté dans le monde. Après, est-ce que le Parlement et les États vont réagir, je n'en sais rien, mais le pape n'a pas la langue dans sa poche et je pense qu'il est capable de faire bouger les lignes".
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