Une tête bien faite, mais non voilée : Selon Manuel Valls dans les colonnes du Figaro, l’interdiction du port du voile à la faculté est « une proposition digne d’intérêt ». L’idée avait été émise en début de semaine quand le Haut conseil à l’intégration avait proposé 12 mesures sur la laïcité. Dans son rapport, le conseil mettait en garde contre une montée du religieux dans les universités, malgré les démentis des étudiants de l'Unef, principal syndicat étudiant, et de la Conférence des présidents d'Universités. Pour le ministre de l'Intérieur, il faut mettre de « la cohérence » selon les types d'établissements « avec méthode et en recherchant le consensus si possible ».
« Une étudiante avant d'être une étudiante voilée »
Selon un sondage IFOP, près de 8 français sur 10 (78%) se disent opposés au port du voile dans les salles des cours d'université. Ce n’est pas le cas de Saïda Ounissi. En 2e année de doctorat en Sciences politiques à Paris, elle a toujours porté le voile à la faculté et espère pouvoir continuer. « Je ne comprends absolument pas Manuel Valls. Est-ce qu’une étudiante qui se présente voilée est quelqu’un qui appelle à se convertir à l’Islam ? Absolument pas », affirme la jeune fille. « D’un point de vue pratique, ça ne pose aucun problème. Vous êtes une étudiante avant d’être une étudiante voilée, donc ce qui vous préoccupe, ce sont vos notes, vos cours, non pas votre pratique religieuse qui relève du domaine privée et sur laquelle vous n’êtes pas appelée à vous prononcer au sein de l’Université ».
« Etre très vigilant sur la laïcité »
Pour Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris, si le voile est un problème à l'université, il faut toutefois le régler. « Je suis plutôt d’accord avec Manuel Valls dans la mesure où il faut étudier sérieusement ce que révèle ce rapport du Haut Conseil. Il avait l’air d’être assez alarmant, je pense qu’il faut être très vigilant sur la laïcité, être sûr qu’on ne passe pas à côté d’un problème comme on l’avait fait par le passé sur le port du voile à l’école, donc il ne faut pas du tout exclure que ce soit interdit à l’université. En même temps, il ne faut pas y aller tête baissée, il faut regarder la réalité des choses, et il est vrai que s’agissant d’adultes, on n’est pas dans le même cadre que la protection des enfants ».
« Est-ce qu'on va interdire le port d'une kippa ? »
Mais Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, n’y croit pas. Il y voit une loi complexe et surtout bien loin des réels enjeux. « Il me semble qu’il y a bien assez de problèmes réels et sérieux dans notre pays pour qu’on n’aille pas inventer un problème qui n’existe pas », considère le député. « Ce que je sais, c’est que les présidents d’université sont très défavorables à cette interdiction systématique. Est-ce qu’on va interdire le port d’une kippa, d’une croix ? Faisons attention à ne pas rentrer dans une approche excessive et intégriste de la laïcité. Monsieur Valls veut peut-être jouer les hommes de fermeté et d’autorité, je crois simplement qu’il y a d’autres sujets sur lesquels on l’attend plus efficacement ».
Votre opinion