Ils ont peur d’une santé à deux vitesses. 140 personnalités ont signé une pétition pour réclamer un débat sur l'avenir de la Sécurité sociale, dont de nombreux médecins éminents (Irène Frachon, le Professeur Alain Fisher, spécialiste de la thérapie génétique à Necker), des politiques de tous bords (Noël Mamère, Michel Rocard, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Yves Bur) et des intellectuels (le philosophe Marcel Gauchet, l'académicienne et écrivain Florence Delay). « Un front républicain », résume sur RMC le professeur André Grimaldi, à l’origine du texte pour qui « le gouvernement a fait le choix de privilégier les assureurs privés ».
« Assistance pour les plus pauvres et assurance pour les plus riches »
Ils dénoncent le désengagement progressif de la Sécurité sociale au profit des assurances complémentaires. D'après eux, aujourd'hui seuls 50% des soins dits « courants » (hors hospitalisation et affections de longue durée) sont remboursés par la Sécurité sociale, et la France est en train de passer « d'une logique de prise en charge solidaire pour tous à une logique d'assistance pour les plus pauvres et d'assurance pour les plus riches ».
Dès le 1er janvier 2016, toutes les entreprises devront offrir à leurs salariés une complémentaire santé, et les patrons devront s'acquitter de 50% des cotisations. Une fausse bonne nouvelle, selon les signataires de la pétition : le dispositif laisse sur le côté les étudiants et les personnes âgés et instaure un système inégalitaire.
« On rentre dans un système très inégalitaire »
Comme les signataires, le professeur Laurent Sedel, ancien chef du service Orthopédie à l'Hôpital Lariboisière, estime que le système actuel « est en danger ». Pour ce spécialiste, la solidarité telle qu’on la connaît actuellement pourrait ne pas durer. « Les mutuelles et les complémentaires santé investissement progressivement le système solidaire en prenant des parts de marché. Or, dans un système un peu moins solidaire, les gens aisés vont pouvoir choisir et aller dans les cliniques, pour les gens plus pauvres, ça va être un peu la charité. On rentre dans un système très inégalitaire ».
« L'un des meilleurs systèmes »
« Notre système est encore l’un des meilleurs en ce qui concerne l’accès aux soins », se réjouit pourtant Gérard Bapt, député PS de de Haute-Garonne et rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée. « Près de 80% des dépenses remboursables le sont par l’Assurance maladie. Les plus démunis sont bien protégés, puisqu’avec la CMU, ils ont la gratuité. Il est clair qu’il faut protéger ce système de protection sociale qui caractérise notre pacte social républicain ».
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