C'est la tactique de l'électrochoc. "J'ai peur que mon pays se fracasse contre le Front national", a déclaré dimanche Manuel Valls. Invité d'I-Télé et d'Europe1, le Premier ministre a dit ses craintes de voir le FN réalisé d'excellents scores lors des élections départementales des 22 et 29 mars: "Les sondages indiquent que le Front national pourrait réaliser un score sans précédent, 30%. Il était déjà le premier parti de France à l'occasion des élections européennes. Il peut l'être de nouveau à l'occasion de ces élections locales. C'est d'une extrême gravité pour notre pays, qui n'a jamais connu cela." Manuel Valls va même plus loin, estimant possible une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle de 2017.
Mobilisation générale avant les départementales
Si Manuel Valls brandit la menace d'un Front national en mesure de gagner la présidentielle, c'est pour deux raisons. Tout d'abord il essaye de mobiliser l'électorat de gauche, tous ces électeurs de François Hollande qui sont déçus et qui viennent grossir les rangs des abstentionnistes. En dramatisant l'enjeu, Manuel Valls essaye de les convaincre d'aller voter aux départementales.
Mais en insistant sur les risques de voir le FN en tête, Manuel Valls, tout comme l'UMP, met le parti de Marine le Pen au centre du jeu et au centre des discussions. Et pendant ce temps-là, le programme ou les idées qui pourraient décider les électeurs déçus à retourner vers les bureaux de vote ne sont pas évoqués.
"Il cherche à faire prendre conscience de l'enjeu"
Alors, Manuel Valls a-t-il raison de dramatiser la question du FN ? Oui, répond Luc Carvounas, sénateur du Val-de-Marne et proche de Manuel Valls: "Il ne cherche pas à faire peur, il cherche à juste à faire prendre conscience de l'enjeu qui nous attend demain dans ce vote départementale. Du fait de l'abstention on peut se retrouver avec un Front National très haut dans les urnes, et il a raison de dire qu'il faut combattre cela".
"C'est pour exfiltrer l'UMP de tous les duels possibles"
Non, estime au contraire Thierry Solère, député UMP des Hauts-de-Seine: "Quand on est Premier ministre et qu'on veut lutter contre ça, la seule chose qu'il faut faire c'est d'avoir des résultats. Donc plutôt que d'utiliser des grands mots il ferait mieux de faire des réformes avec enfin des grandes mesures. Faire des grandes déclarations sur le FN à quelques jours du scrutin, c'est surtout agiter le chiffon rouge pour essayer de faire encore monter le FN et d'exfiltrer l'UMP de tous les duels possibles".
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