Rémunération au mérite, passerelles avec le privé: vos idées pour rendre la fonction publique plus efficace

Solutions 2017 est la première initiative de démocratie participative à l’échelle nationale. Elle est lancée par BFMTV, RMC et Make.org. Cette semaine, vous nous avez fait vos propositions pour garantir une bonne retraite aux Français.
Supprimer 500 000 postes de fonctionnaires et faire travailler plus ceux qui resteront: le candidat officiel des Républicains est dur avec la fonction publique. Mais d’autres solutions existent-elles pour rendre cette vieille machine plus efficace ? Oui, à en croire la richesse des propositions faites sur Solutions 2017 cette semaine. Certaines concernent le passage au numérique pour limiter la paperasse ; d’autres le renforcement de secteurs considérés comme essentiels (santé, sécurité, éducation) ou encore une réorganisation complète des administrations. Il y a également ceux qui plaident pour une suppression pure et simple du statut de fonctionnaire. Et enfin, des dizaines d’internautes, dont beaucoup anciens fonctionnaires, pensent à des modifications de leur statut. Voici une sélection de propositions pour faire évoluer le statut des fonctionnaires, de l’embauche au licenciement en passant par la rémunération.
Embaucher après une expérience dans le privé
Selon Olivier, les fonctionnaires n’étant jamais passés par le privé manquent de notions comme « l’esprit de compétitivité, de rentabilité, de rendement ». Il ne blâme pas les agents mais le « très lourd système de la fonction publique ». Sa solution ? Que tout fonctionnaire soit d’abord passé par l’entreprise. Ce n’est actuellement pas du tout le cas puisqu’ils sont recrutés sur un concours et choisissent leur voie pendant les études. On entre dans la fonction publique jeune, et on y reste jusqu’à la retraite. Telle est la règle. Pour favoriser les passerelles entre privé et public, il faudrait modifier ce système de concours, et permettre un recrutement plus classique. CV, lettre de motivation… et choix arbitraire, selon les chantres de l’égalité des chances.
Il faudrait imiter le système libéral britannique, où le recrutement externe a été généralisé avec “Commercial Recruitment Hub” en 2011, entrainant l’embauche de salariés du privé sur 68% des postes de hauts fonctionnaires. Là-bas, l’expérience en dehors de la fonction publique est devenue nécessaire pour tout haut fonctionnaire, avec le financement de stage dans le secteur privé pour les jeunes diplômés intégrant la fonction publique. Le problème, c’est que la France n’a pas du tout la même culture de la fonction publique que son voisin d’Outre-Manche. Ici, la fonction publique est sacrée. Alors, peut-être qu’un premier pas serait de contractualiser seulement une partie des fonctions. Encore faut-il arbitrer sur ce qui peut être désacraliser.
La rémunération
Une fois entré dans la fonction publique, il faut garder les fonctionnaires motivés pour qu’ils restent efficaces. « En 39 ans de service, à aucun moment je n’ai eu le sentiment d'être rétribué sur mon travail et mes compétences », déplore Gérald, retraité de la fonction publique territoriale. Pour lui, l’une des solutions pour rendre la fonction publique plus efficace serait de « rémunérer les fonctionnaires suivant leur mérite, pas par rapport à leur ancienneté ». Au total, quatre internautes font des propositions qui vont dans le sens d’une meilleure prise en compte du travail individuel. Si pour certains, ce serait une manière de pénaliser les fonctionnaires les moins efficaces, beaucoup pensent qu’il s’agirait d’une source de motivation et de valorisation.
Pour l’instant la rémunération dépend d’une grille indiciaire établie à partir de différents grades et échelons attribués à chaque agent suivant sa fonction et son ancienneté. S’ajoutent des dizaines de primes, au mérite mais pas seulement (certaines s’appliquent à l’ensemble d’un secteur, d’autres dépendent du lieu de résidence...) De manière générale, elles sont assez opaques. Alors, certains réfléchissent à renverser totalement le système. Une expérience est en cours par exemple depuis le 1er avril à Suresnes : un mode de rémunération au mérite pour les employés municipaux, en accord avec le syndicat. Le système est basé sur des critères objectifs comme l’assiduité, le respect des délais, ou plus ouverts comme l’adaptation au changement et la prise d’initiative.
Les syndicats, au niveau national, ne saluent pas particulièrement cette démarche. Il s’agirait selon certains, d’une porte ouverte à l’autoritarisme et au harcèlement sur le lieu de travail. Alors, peut-être qu’il faudrait plancher sur un autre système ? Par exemple, Pierre, sur Solutions 2017, propose qu’une une part variable du salaire liée à un vote de satisfaction des utilisateurs du service et un suivi numérique. Pourquoi pas ?
La possibilité de licencier
Allons encore plus loin pour motiver les troupes ! Plusieurs internautes estiment que permettre le licenciement des fonctionnaires permettraient de ne garder que les meilleurs. Selon Gaël, « supprimer l’emploi à vie jouerait sur le comportement de certains ». Comprendre : éviter les planqués. Si cette possibilité semble peu réaliste concernant les hauts fonctionnaires, ambassadeurs ou préfets, par exemple, elle est déjà de mise dans d’autres pays pour des postes plus subalternes. En France, les trois fonctions publiques (d'État, territoriale, hospitalière) comptent 5,5 millions de fonctionnaires. Au contraire, en Grande-Bretagne, le Civil Service, qui compte environ 550 000 agents, ne groupe que des fonctionnaires de niveau élevé de responsabilité dans l'administration centrale, le reste des missions publique étant délégué à des agences.
En 2008, Jean-Ludovic Silicani, haut fonctionnaire chargé par le gouvernement de mener une large concertation dans le cadre de sa rédaction du Livre blanc sur l’avenir de la fonction publique, écrivait : « des quatre pays disposant d'une fonction publique de carrière, à savoir l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la France, notre pays est le seul à ne pas avoir entrepris de réforme d'ampleur de sa fonction publique depuis vingt ans. » En Italie, par exemple, les lois de 1997 et de 1999 ont prévu le recrutement de la plupart des fonctionnaires par des contrats. Alors, à quand le tour de la France ?
Les 5 propositions les plus engageantes
1. Il faut interdire tout cumul des mandats
Par Guy, 100 % de votes favorables
2. Il faut surtout décharger les fonctionnaires sur le terrain (infirmiers/policiers) de toutes ces procédures papier
Par Romain, 90,4 % de votes favorables
3. Il faut simplement faire baisser l'absentéisme qui est de près de 21% (11 dans l'armée et 3.5 dans le privé)
Par Jean, 88,1 % de votes favorables
4. Il faut introduire la possibilité de pouvoir licencier l'agent inefficace, comme dans le privé
Par Pascal, 85,9 % de votes favorables
5. Il faut mettre un terme aux régimes spéciaux, tous à égalité de droits et de devoir
Par Emmanuelle, 67,8 % de votes favorables
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