Marathon, semi, 10 km... Pourquoi les prix des dossards augmentent à si vive allure?

Des coureurs lors d'un semi-marathon, celui de Lille en 2012 (illustration). - PHILIPPE HUGUEN / AFP
La course à pied est peut-être un des sports les moins chers à pratiquer. Une bonne paire de chaussures de running et le tour est joué. Mais il suffit que vous vouliez participer à une course, marathon, semi ou 10 km, et les dépenses flambent. Les plus grands événements running sont d'ailleurs ceux qui échappent le moins à l'inflation.
Il suffit de regarder l'évolution des prix du dossard sur certaines courses ces dernières années pour s'en rendre compte. Par exemple, le semi-marathon de Paris, première grande épreuve de la saison 2025 de running qui s'est tenu le dimanche 9 mars dernier, réunissant 48.000 coureurs.
Cinq euros plus cher chaque année depuis 2022
Chaque année les prix s'échelonnent entre quatre palliers (First, Early, Regular et Last Minute) en fonction du moment où l'on s'inscrit. Plus on s'y prend tôt, moins c'est cher. Il fallait compter cette année, pour un dossard individuel sans option, une soixantaine d'euros en tarif "First" ou "Early". Mais au dernier moment, le prix s'envole. Le "Last Minute" atteignait cette année 79 euros.
En étudiant les tarifs des éditions précédentes on s'aperçoit que, chaque année, les coureurs payent environ 5 euros plus cher.
En 2024, le tarif First était à 60 euros et le Last Minute à 75 euros. En 2023, les mêmes tarifs étaient à 54 euros et 69 euros. Et en 2022, il ne fallait compter "que" 49 euros pour le First, 65 euros pour le Last Minute. Une inflation d'autant plus surprenante qu'elle est arrivée subitement: en 2016, le premier tarif était encore de 49 euros...
Le marathon de Paris 45 euros plus cher en trois ans
La hausse paraît encore plus folle lorsqu'on regarde une autre course, la plus prestigieuse de France: le marathon de Paris. L'édition 2025 approche à grandes foulées, le 13 avril prochain. Son prix non plus n'a pas pris le temps de souffler: cette année il fallait compter 140 euros en First. Et pas moins de 170 euros en Last Minute.
Rien que l'année dernière, c'était 20 euros de moins (120 euros en First, 150 euros en Last Minute). Idem en 2023: 110 euros en Early, 130 euros en Last Minute. En 2022 cette inflation était plus limitée: les prix allaient de 100 à 125 euros. En l'espace de trois ans, cela représente tout de même une hausse de 45 euros pour le tarif First...
Les cas du marathon et du semi-marathon de Paris sont certes atypiques: il s'agit d'abord de deux courses privées, organisées par Amaury Sport Organisation (ASO). Mais elles réunissent surtout près de 50.000 personnes, qui plus est dans la capitale. Ce qui nécessite plus de dépenses dans l'organisation, et peut justifier un prix relativement élevé.
Toutes les courses frappées par l'inflation
En effet, même des courses plus modestes et organisées par des associations sont contraintes d'élever leurs prix de quelques euros chaque année. Cela a par exemple été le cas du semi-marathon de Lille, organisé le 16 mars dernier par la Ligue d'athlétisme des Hauts-de-France.
Le responsable running de cette dernière, Gauthier Dervyn, explique avoir dû augmenter progressivement le prix, passé de 17 euros en 2023, à 20 euros en 2024. Puis 22 cette année.
"Le ravitaillement, la médaille, son expédition, la sécurité... Tout ça a augmenté. Ce sont parfois des petites dépenses, mais lorsqu'elles s'additionnent, ça crée un coût. Que nous sommes obligés de répercuter sur le prix du dossard", explique-t-il à RMC Conso.
L'autre grande course organisée par la Ligue d'athlétisme des Hauts-de-France, le marathon de la Route du Louvre, a également subi une petite augmentation. Entre 2023 et 2024, son tarif Late est passé de 42 euros à 45 euros. En 2025 en revanche, il est resté le même.
De plus en plus de coureurs, donc de plus en plus cher
Des augmentations qui restent tout de même sans commune mesure avec celles des courses parisiennes. Il ne faut pas s'en cacher, ces dernières étant privées, elles surfent sur la vague running qui déferle sur la France pour faire davantage de recettes.
D'après l'édition 2024 de l'Observatoire du running réalisé par Union Sport & Cycle, l'Hexagone compte 12,4 millions de coureurs. Contre 7,8 millions en 2017. Avec l'engouement créé par les JO de Paris et le Marathon pour tous, ce chiffre devrait continuer d'augmenter.
Pour tous ces nouveaux joggeurs, courir dans Paris avec tous ses monuments est le must. La loi de l'offre et la demande s'applique donc aux grandes courses: plus de gens veulent participer. Pour cela ils doivent donc payer plus cher...
Pour les contenter, de nouvelles courses ont été lancées dans la capitale. La ville et le calendrier émaillés de 10 kilomètres. "10 KM de la Tour Eiffel" en décembre, "10 KM du Panthéon" en mai ou encore "Adidas 10K Paris" en juin. Mais ces courses n'échappent pas à l'inflation, loin de là.
Courir ailleurs qu'à Paris pour payer moins cher
Celle Adidas, également organisée par ASO, a atteint les 52 euros cette année en Last Minute, contre 39 en First. Pour se rendre compte, 39 euros était encore le tarif Last Minute il y a deux ans seulement...
"C'est certain, les organisateurs privés profitent de l'engouement pour la course à pied. Mais on a beau dire que c'est cher, ils sont toujours pleins. Donc ils vont sûrement continuer. Ils pourraient augmenter encore de 10 euros l'année prochaine qu'ils seront toujours complets", considère Gauthier Dervyn de la Ligue d'athlétisme des Hauts-de-France.
Pour courir un marathon sans se ruiner donc, mieux vaut regarder ailleurs qu'à Paris. Le site marathons.fr les référence tous chronologiquement, ainsi que leurs prix. Celui de La Rochelle, deuxième marathon le plus presigieux de France est aussi deux fois moins cher que celui de Paris: de 58 à 68 euros (un tarif augmenté de seulement 2 euros en trois ans). Celui de Deauville s'échelonne de 67 à 81 euros. Celui du lac d'Annecy de 15 à 92 euros.
Gauthier Dervyn se permet d'insister sur celui de la Route du Louvre, au prix presque imbattable donc (45 euros). "Mais surtout le prix du dossard comprend également une entrée au musée du Louvre-Lens". Ça, le Marathon de Paris ne peut pas s'en vanter...