Tesla: à l’usine géante de Berlin, des arrêts maladies records et des visites surprises du patron

Imaginez. Vous êtes en arrêt maladie, chez vous. Quand tout à coup, on sonne à la porte. Vous ouvrez et vous tombez nez à nez avec votre patron. Pas votre chef, non, non, mais votre grand patron, le directeur général. C’est ce qui est arrivé à une trentaine d’ouvriers de la Tesla Giga Berlin, une usine géante de 300 hectares inaugurée il y a deux ans.
Quelque 12.000 ouvriers travaillent en trois-huit pour produire 5.000 Tesla par semaine. Un chiffre qui devrait doubler dans les prochains mois. La firme d’Elon Musk veut aller vite et loin. Trop loin peut-être…
Ces visites surprises aux salariés malades ont pour but de faire appel à leur "éthique de travail". Comprenez: les pousser à reprendre le chemin de la ligne de production, et vite.
Une réunion entre dirigeants enregistrée
C’est grâce à un enregistrement audio que cette histoire a été révélée. L'enregistrement d’une réunion du personnel à l’usine, à laquelle le quotidien allemand Handelsblatt a eu accès.
On y entend les récits des directeurs de l’usine eux-mêmes. Ils se plaignent d’avoir été très mal reçus par les salariés, certains refusant de leur ouvrir, d’autres claquant la porte. Certains les ont copieusement insultés, d’autres ont menacé d'appeler la police.
Pendant la réunion, les dirigeants se justifient. S’ils se sont rendus eux-mêmes chez les ouvriers, c’est pour comprendre pourquoi les taux d’arrêts maladie dans l’usine battent des records: 17% en août, 11% en septembre, quand la moyenne nationale est deux fois moins élevée.
Pour le directeur de l’usine, c’est parce que ses salariés profitent du système social allemand, pourtant pas le plus protecteur… Il voulait tester sa théorie.
Le management à blâmer selon le syndicat
Les syndicats ne l’ont pas tout à fait entendu de la même façon. Culture de la peur, conditions de travail difficiles, horaires à rallonge, explosion des accidents du travail... Travailler à la Tesla Giga Berlin, ce n’est pas une promenade de santé. Et c’est là qu’il faut chercher l’explication selon le syndicat IG Metall, qui représente une partie des 12.000 employés.
Pour IG Metall, c’est le management même de Tesla qui est à blâmer et ses visites inopinées chez les ouvriers en sont une nouvelle preuve.