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Assouplissement de la loi Evin : "Une erreur historique"

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La présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée a regretté, ce mardi sur RMC, que les députés aient "plus entendu les lobbies du vin que les associations qui luttent contre l'addiction". Pour elle, il n'y a aucune raison d'assouplir la loi Evin en faveur du vin.

Il faut assouplir la loi Evin coûte que coûte. A l'issue de débats houleux et au grand dam de la présidente socialiste de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, les députés ont maintenu lundi en commission un amendement permettant l'assouplissement de la loi Evin dans le projet de loi santé visant à distinguer publicité et information sur le vin. La présidente de la commission des affaires sociales, c'est la députée (PS) de Haute-Garonne, Catherine Lemorton, invitée ce mardi de Jean-Jacques Bourdin.

Pour elle, assouplir la loi Evin, c'est tout simplement "une erreur historique". "J'en veux beaucoup aux parlementaires qui ont écouté beaucoup plus les associations qui font la promotion du vin que les associations qui luttent contre l'addiction", assène-t-elle.

"Le lobby des alcools forts mettent les viticulteurs en avant"

D'abord, selon Catherine Lemorton, la loi dans sa version actuelle permet déjà de faire la promotion de régions viticoles ou de terroirs. Les députés qui y sont favorables "veulent ouvrir un coin sur la loi Evin pour pouvoir promouvoir les territoires viticoles, en utilisant forcément l'image du vin et donc de l'alcool. Alors que c'est déjà permis par la loi", insiste la présidente de la commission des Affaires sociales. Elle en veut pour preuve que "depuis 24 ans que cette loi existe, l'association nationale de prévention de l'addictologie a fait une soixantaine de recours devant la justice. Moins de 6% des plaintes concernent le vin, preuve que la loi est bien faite pour les viticulteurs et les régions viticoles".

Mais Catherine Lemorton n'est pas dupe, elle affirme que derrière l'image présentable de nos viticulteurs se cachent les lobbies des alcools forts. "Le lobby des alcools forts mettent les viticulteurs en avant", soutient-elle. Mais pour elle, il n'y a pas de raison de se montrer plus souple en faveur du vin. "On a l'impression que l'entrée dans l'alcoolisme ne se fait que par des alcools forts, mais il y a aussi des jeunes qui entrent dans l'alcoolisation avec du vin".

"Communion droite-gauche sur l'alcool"

Catherine Lemorton sait son combat pour un maintien de la loi Evin dans sa forme actuelle difficile, d'autant que même l'exécutif et le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, souhaitent un assouplissement. Surtout, elle sait que les députés français, s'ils s'opposent sur beaucoup de sujets, savent se retrouver derrière la défense du vin. "Des députés me soutiennent mais dans l'hémicycle, quand il s'agit d'alcool il y a toujours une sorte de communion droite-gauche", déplore-t-elle.

Philippe Gril avec JJ Bourdin