"Dupin quotidien" - Nourritures frelatées données aux banques alimentaires: comment est-ce possible?

Depuis plus d’un an, ce sont 366 tonnes d’escalopes de poulet qui ont été délivrées au réseau des Banques alimentaires, 220 tonnes aux Restos du Cœur. Au total, 3 millions et demi d’euros de nourriture, achetée à un même fournisseur danois.
A l’intérieur: des protéines, un peu, et surtout de l’eau, beaucoup d’eau. Bien au-delà des normes européennes. Si bien que la direction des fraudes pense à un ajout de la part de l’industriel, pour gonfler les volumes et donc les prix. Autrement dit, on a vendu de l’eau au prix du poulet.
Dangereux pour la santé ?
Non d’après les autorités. Pour l’instant les associations n’ont pas repris la distribution des produits. Mais il reste du stock. 85 tonnes d’aliments à écouler au Secours Populaire. 140 tonnes environ pour le réseau des Banques alimentaires.
Ca fait tâche, 3 mois après un premier scandale sur de faux steaks hachés. Près de 1.500 tonnes de steak haché distribués à ces mêmes associations. A l’intérieur, tout sauf du muscle, comme le veut pourtant la loi. Le distributeur français s’était approvisionné en Pologne.
Comment est-ce possible ?
Il faut bien comprendre le processus. D'abord les associations font une liste des produits dont elles ont besoin. Elle la transmettent à l’organisme pubilc France AgriMer qui va ensuite lancer un appel d’offre européen. Les entreprises se manifestent, et les élues vendent leur marchandise via le Fonds européen d’aide aux plus démunis.
Le problème d’après un rapport du Sénat publié il y a quelques semaines, c’est que ces appels d’offre ne mentionnent aucun critère sur la qualité ou la traçabilité des produits. Du coup, on en vient à une course à la quantité et au bas coût, au détriment de la qualité. Des autocontrôles doivent aussi être effectués par les industriels, et transmis, ou non, aux autorités.
Les autorités françaises ont été pointées du doigt
Le système français est défaillant, et même négligent d’après ce rapport du Sénat. Il n’y a pas de contrôle sur les produits livrés aux associations. L’opérateur public FranceAgriMer n’a aujourd’hui pas les moyens d’inspecter la nourriture qu’il achète.
Les autorités avaient déjà commencé à renforcer les contrôles cet été, c’est d’ailleurs comme ça qu’elles ont pu déceler la fraude sur les escalopes de poulet. D’autres vérifications doivent être mises en place d’ici la fin de l’année, au niveau des fournisseurs et de l’Etat.