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L'amour est dans le pré reprend: "les agriculteurs ne sont pas plus moches et pas plus cons qu'ailleurs"

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La nouvelle saison de "L'Amour est dans le pré" s'ouvre ce lundi soir. Et si l'émission porte un regard léger sur le célibat des agriculteurs, le sujet est pourtant grave. Pour Bruno Montourcy ancien président des Jeunes Agriculteurs de l'Aveyron, le vrai problème est l'isolement des agriculteurs, aggravé par la désertification des zones rurales.

Bruno Montourcy est éleveur porcin et ancien président des Jeunes Agriculteurs de l'Aveyron:

"Il n'y a pas plus de célibat dans l'agriculture que dans le reste de la société. Par contre, c'est de plus en plus un célibat d'isolement. Sur nos territoires, il y a de moins en moins d'habitants. Même si on dit que certains villages ruraux sont en train de se repeupler, ce sont des villages dortoirs, ce n'est pas de l'activité économique qui se crée. Donc un agriculteur dans son exploitation est tout seul.

Il y a 50 ans, il y avait les grands-parents, les parents, les oncles, les tantes, et ça permettait de voir du monde. Dans tous les villages, il y avait des cafés, des épiceries, aujourd'hui ça n'existe plus ou pratiquement plus. Donc ça veut dire que le seul lien social d'un agriculteur, c'est le portable avec les réseaux sociaux et le problème c'est que c'est uniquement virtuel.

Il y a 30 ans dans le département, les conjoints restaient tous sur l'exploitation, aujourd'hui, c'est fini. Et l'image de l'agriculteur n'était pas forcément très bonne: j'avais rencontré des responsables d'agence matrimoniale qui me disaient que pour certaines, l'agriculteur, c'est celui qui ne prend jamais de vacances, c'est celui qui ne se lave pas, etc. Tout ça, c'est en train d'évoluer avec les émissions comme "L'Amour est dans le pré", mais il y a aussi le fait que dans les lycées agricoles il n'y a plus seulement des enfants d'agriculteurs. Il y a donc plus de mixité qui fait évoluer cette image dans le bon sens.

"Un agriculteur est un jeune comme les autres"

Ce genre d'émission permet de parler de cet isolement. Moi quand j'étais président des Jeunes Agriculteurs de l'Aveyron, j'ai créé Agri Dating pour faire se rencontrer les gens. C'était pour dire: on n'est pas plus moche et pas plus cons qu'ailleurs, il y a des opportunités en milieu rural mais ça dépasse les agriculteurs. L'idée était de montrer qu'un agriculteur est un jeune comme les autres, bien ancré dans son territoire. Je sais que des couples se sont créés, certains ont même eu des enfants grâce à cette initiative.

Mais c'est un problème politique d'aménagement du territoire: on fait des routes autour des grandes villes et on crée de l'emploi uniquement dans les grandes villes. On enlève des agences de la Poste dans les villages, des agences bancaires, et ça va faire du mal aux agriculteurs mais aussi à l'agriculture".

Propos recueillis par Paulina Benavente