La grande distribution se lance dans le secteur de l'optique: bien vu?

Les grandes enseignes rivalisent avec des prix toujours plus bas.
En juillet, Carrefour a lancé sa nouvelle offre d’optique, dans une galerie marchande du Rhône. Un millier de montures, presque toutes de marque distributeur.
Leur promesse: des lunettes sur mesure en 45 minutes, juste le temps d’aller faire vos courses par exemple. Casino s’est aussi installé dans les Alpes-Maritimes, avec des offres d’appel comme la 2ème paire à un euro par exemple. Et l’objectif d’ouvrir une cinquantaine d’autres magasins d’ici l’an prochain.
Une concurrence de plus pour les opticiens traditionnels, après le e-commerce et les sites de discount. Et la réforme 100% santé qui devrait leur faire perdre du chiffre d’affaires. Aujourd'hui, il faut savoir qu’environ deux Français précaires sur 10 doivent renoncer à des soins optiques car ça coûte trop cher.
En fait, à partir du 1er janvier, si vous êtes couvert par une complémentaire santé, votre opticien sera dans l’obligation de vous proposer une nouvelle formule 100% santé, avec des montures et verres intégralement remboursés à des tarifs plafonnés. Maximum 800 euros pour le tout. Vous pourrez toujours choisir des montures ou des verres à tarif libre. Sauf que ces derniers seront moins bien remboursés.
Qui va accompagner l’achat des lunettes en hypermarché?
Ce qui va occasionner une baisse du chiffre d’affaires. Entre 1500 et 2000 enseignes d’optiques pourraient fermer leurs portes à cause de cette réforme, soit un magasin sur 10 d’après une étude Asteres. C’est plutôt ça qui inquiète le Rassemblement des Opticiens de France, davantage que la baisse des prix en grandes surfaces, puisque les tarifs encore une fois seront de toute manière plafonnés.
Le problème, c’est aussi le service qui va accompagner l’achat des lunettes en hypermarché. Y aurait-il un opticien dans ces nouvelles enseignes? Le consommateur pourra-t-il avoir un réel service paramédical, avec un examen de la vue par exemple?
Ce sont des questions qui se posent aujourd’hui. Normalement, pour ouvrir une boutique d’optique en accord avec l’Assurance maladie, un opticien doit être présent pendant les heures d’ouverture. Carrefour a choisi la sécurité : son offre optique est en partenariat avec Atol, qui lui fournit les professionnels et les logiciels.
Mais qu’en est-il chez ses concurrents? Acheter ses lunettes chez un distributeur, c'est pratique, mais si vous faites état de migraines ou si votre enfant à des difficultés scolaires liées à un problème de correction, y aura-t-il un opticien pour le détecter?
Autant de questions sur lesquelles il faudra jeter... un oeil.