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Le gouvernement en guerre contre l'appellation "steak végétal", "une honte internationale" pour L-214

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Le gouvernement a annoncé repartir à l'attaque contre l'appellation "steak végétal", après avoir été débouté par le Conseil d'Etat. L'association de protection des animaux L-214 dénonce une "honte", sur RMC.

Après un premier échec, le gouvernement repart au front contre... les steaks végétaux. L'exécutif a indiqué ce lundi avoir préparé un nouveau décret visant à interdire l'utilisation de noms comme "steak" ou "grillade" pour désigner des produits à base de protéines végétales. Le texte est une revendication de longue date des acteurs de la filière animale, qui estiment que des termes comme "jambon végétal", "saucisse vegan" ou "bacon végétarien" peuvent créer la confusion chez les consommateurs.

Le gouvernement avait publié un premier décret en juin 2022 mais ce dernier a été suspendu en référé par le Conseil d'Etat. La plus haute juridiction administrative, qui n'a pas encore tranché sur le fond du dossier, a saisi en juillet 2023 la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) sur des questions d'interprétation de la réglementation européenne en matière d'étiquetage.

"Un enjeu de transparence et de loyauté", selon le ministre de l'Agriculture

Le ministère de l'Agriculture affirme avoir pris en compte les remarques du Conseil d'Etat pour préparer un nouveau texte, sans attendre l'aboutissement de la procédure auprès de la CJUE. Il a notamment ajouté deux listes précisant les termes à réserver aux produits animaux ou ne contenant que très peu de protéines végétales, comme faux filet, escalope, andouille ou chorizo. Le texte ne s'appliquerait pas aux produits "légalement fabriqués ou commercialisés" ailleurs qu'en France.

L'invité de Charles Matin : Un projet de nouveaux décrets du gouvernement qui vise à interdire les appellations pour produits à base de protéines végétales - 05/09
L'invité de Charles Matin : Un projet de nouveaux décrets du gouvernement qui vise à interdire les appellations pour produits à base de protéines végétales - 05/09
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Le gouvernement a notifié le texte fin août à la Commission européenne, qui a des règles très détaillées en termes d'étiquetage. Le ministère a précisé que le décret pourra être signé et publié trois mois après la date de cette notification, sous réserve des réactions de Bruxelles.

Le texte "est un enjeu de transparence et de loyauté qui répond à une attente légitime des consommateurs et des producteurs", a estimé le ministre de l'Agriculture français Marc Fesneau, cité dans un communiqué.

"Le terme 'steak végétal' est utilisé depuis plus de 40 ans"

Le nouveau texte demeure problématique aux yeux de Guillaume Hannotin, avocat de l'organisation Protéines France qui défend les industriels de la filière des protéines végétales et avait demandé la suspension du premier décret. Il reste, selon lui, en contradiction avec la réglementation européenne sur l'étiquetage, qui, à défaut d'une définition légale comme pour le lait, accepte des dénominations d'usage ou descriptives pour les alternatives à la viande.

"Le terme 'steak végétal' est utilisé depuis plus de 40 ans", remarque-t-il auprès de l'AFP. Et certains mots évoquant une forme, comme la saucisse, ou une façon de cuisiner "sont difficiles à remplacer". La démarche du gouvernement s'apparente par ailleurs, estime Guillaume Hannotin, à du mépris envers les procédures européennes puisqu'elle "torpille la procédure préjudicielle en cours devant la CJUE".

"Est-ce que les gens confondent l'huile de moteur, l'huile d'olive et l'huile de jojoba ?"

Plus véhémente, la cofondatrice de l'association de défense des animaux L214, Brigitte Gothière, a dénoncé pour sa part une "manipulation exemplaire du ministère de la viande".

Invitée de "Charles Matin" sur RMC ce mardi matin, elle regrette surtout une décision qui ne va pas dans le sens de l'histoire.

"Notre ministre, au lieu d'écouter les scientifiques qui disent qu'il faut qu'on réduise notre consommation de viande de 50 à 90%, il agit à l'opposé", dénonce-t-elle.

Brigitte Gothière estime que personne ne se fait berner au supermarché quand on achète un steak "classique" ou un steak végétal. "On a un environnement alimentaire qui nous pousse à manger de la viande. C'est une catastrophe, on doit baisser pour l'environnement, pour la masse d'animaux qu'on tue et pour les éleveurs qui se retrouvent dans des situations précaires. Le gouvernement agit à l'opposé et c'est une honte internationale", juge-t-elle.

J.A. et AFP