Pourquoi on est en train "d'assassiner" le camembert AOP

C'est un des fromages plus connus au monde. Si le plus vendu en France, en AOP, reste le comté, le camembert reste un des plus reconnaissables grâce à son emballage et son goût inimitables.
Mais sa recette fait l'objet d'une controverse. Des acteurs de la filière veulent pouvoir utiliser du lait pasteurisé pour augmenter la production et les ventes, tout en conservant le label d'Appellation d'origine protégée. Et finalement, le 21 février, un accord a été trouvé pour ouvrir la voie à la pasteurisation dans le cahier des charges de l'AOP.
Véronique Richez-Lerouge, présidente de l’association Fromages de terroirs, a lancé l'alerte dans une tribune publiée par Libération et une pétition lancée en ligne. L'emblématique fromage serait en train d'être "assassiné", et la réputation de toutes les AOP serait en jeu à cause de ce changement.
"Ca donne du plâtre"
"Si on autorise la pasteurisation et un fromage qui n’est pas moulé à la louche, donc qui n’a plus rien à voir avec le camembert d’origine qui a été inventé sous la révolution française, si on le pasteurise, d’une certaine manière vous tuez le lait. Vous tuez la qualité, la fleur lactique, vous tuez tout ce qu’il y a d’intéressant. Donc ça donne du plâtre."
Le rôle de l'ombre de Lactilis
"Les acteurs de la filière ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, ils ne connaissent pas le marché, ils embarquent les Français dans leur histoire de filière laitière qui ne se porte pas très bien et on sait pourquoi. Car Lactilis est dominant en Normandie sur l’ensemble des AOP normandes. Il y a un groupe multinational à la manoeuvre. Ils se cachent derrière des marques donc les consommateurs n’y voient que du feu."
"Si jamais on laisse passer ça, on ne pourra plus dire au monde entier que nos AOP sont du haut de gamme"
"Si jamais on laisse passer ça, on ne pourra plus dire au monde entier que nos AOP sont du haut de gamme. Ce sera la fin des AOP. On est les champions des appellations d’origine, des signes de qualité en France, ça ne rime à rien. Il faut savoir ce qu’on veut. On ne peut pas proposer l’orignal et la copie sous la même appellation. Dans ce cas là on ferme l’INAO, qui coûte quand 20 millions d’euros au contribuable, parce qu’elle ne sert plus à rien. Et ce sera marque contre marque avec leurs arguments."