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Baignade dans la Seine: les ventes de combinaisons explosent dans les magasins de sport

Des baigneurs nagent dans la Seine, au niveau de l'Île-Saint-Denis.

Des baigneurs nagent dans la Seine, au niveau de l'Île-Saint-Denis. - Stéphane de Sakutin

Dès le samedi 5 juillet, vous pourrez vous baigner dans la Seine. Depuis que cette mesure a été annoncée, la natation en eau libre a connu un regain d'intérêt. Et pour preuve, les ventes des combinaisons de nage ont augmenté dans de nombreux magasins de sport.

C'est un début de phénomène qui s'apprête à déferler. La nage en eau libre se met à gagner de plus en plus d'adeptes dans toute la France, et en particulier à Paris où certains sont emportés par l'idée de pouvoir se baigner dans la Seine. Dès le 5 juillet prochain, trois sites du fleuve vont effectivement être ouverts à la baignade au public.

Cet engouement croissant, le directeur général d'Au Vieux Campeur, Aymeric de Rorthays, l'illustre par les ventes de son enseigne de magasins de sport de plein air. Sur avril-mai 2025, elle a vendu 30% de combinaisons de nage en eau libre de plus que sur la même période en 2024.

Une ferveur que le dirigeant de l'enseigne, qui compte 13 magasins en France, lie en partie aussi aux Jeux de Paris. L'été dernier, la France a brillé lors des épreuves de triathlon, dont les épreuves de nage se sont déroulées dans la Seine, avec les médailles de Cassandre Beaugrand, Léo Bergère et Alexis Hanquinquant. Mais Aymeric de Rorthays fait même remonter à encore plus loin le début de l'engouement.

"Par rapport à 2020, l’activité a plus que doublé chez nous. Nous avons aujourd’hui un peu plus de 50 modèles de combinaisons contre une vingtaine il y a cinq ans", affirme le directeur d'Au Vieux Campeur, dont le site Internet est aussi une référence.

Un essor similaire à celui du trail

C'est ainsi autour de la période du Covid que s'est développée la discipline. Un parallèle peut d'ailleurs être fait avec le trail, cet autre sport ayant connu un très grand essor ces dernières années.

Alors qu'il vivait plutôt à l'ombre de la course à pied sur route, beaucoup de gens s'y sont mis car ils souhaitaient pouvoir s'échapper des villes, courir dans la nature. Le fameux effet Covid. Idem pour la natation donc: lassés de nager dans de l'eau chlorée, de plus en plus s'évadent des piscines pour aller faire trempette dans des lacs, rivières, et autres fleuves.

Le président de la Ligue d'Île-de-France de Triathlon Thierry Sammut peut aussi témoigner de cet engouement soudain. Chaque année ou presque, il organise le triathlon de Paris. Lors de la dernière édition en 2023 (celle de 2024 a dû être annulée à cause des Jeux), 5.500 personnes y avaient participé. Dans le lot, 80% n'étaient pas licenciés de la Fédération Française de Triathlon (FFTRI).

"Avant le Covid, on tournait plutôt autour de 40% de non-licenciés. Désormais, on attire énormément de gens qui veulent vivre une expérience sans nécessairement s'inscrire dans un club", explique-t-il.

De plus en plus de triathlètes

Le nombre de licenciés de la FFTRI est toutefois aussi en constante augmentation. Il a été multiplié par quatre en un peu plus de 20 ans, pour dépasser très récemment la barre des 70.000 (en 2023, elle en comptait 60.000). Là encore, l'effet JO de Paris s'est fait sentir. Jointe par RMC Conso, le Fédération confie avoir reçu 30% de demandes de nouvelles licences en plus cette année par rapport à l'année précédente.

Le triathlon, et par extension la nage en eau libre, compte donc à la fois un fort contingent de pratiquants licenciés et de pratiquants en loisir. Néanmoins, le nombre de courses reste encore limité.

La FFTRI organise en tout 988 compétitions à travers la France (des triathlons, mais aussi des sous-disciplines comme des duathlons, des aquathlons, du swimrun...). Et pour la nage en eau libre seule, la Fédération française de natation répertorie sur son site une quinzaine de courses par mois.

Un sport beaucoup moins médiatisé que le running

Sans commune mesure avec les 4.968 trails organisés en 2024 d'après les chiffres du 7e Observatoire du running dévoilé en avril dernier. Le trail compte d'ailleurs quelques "classiques", médiatisés qui contribuent à rendre populaire ce sport, comme l'Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB)...

Le triathlon compte bien l'Ironman de Nice, mais cette épreuve extrême n'est pas la plus accessible pour le grand public. Le premier en nombre de participants est celui de Deauville (plus de 10.000), qui a d'ailleurs lieu ce week-end du 20 juin dans une relative indifférence médiatique...

Et pour la nage en eau libre, c'est le néant. La discipline compte pourtant des classiques à travers le monde. Comme la Swim Serpentine au cours de laquelle des milliers de Londoniens se jettent dans le lac du plus grand parc de la capitale anglaise, Hyde Park.

La France a elle aussi eu, fut un temps, sa course de nage emblématique: la Traversée de Paris à la nage, véritable événement qui dès 1905 et pendant 40 ans réunissait chaque année une foule en délire tout le long de la Seine.

Faire renaître la Traversée de Paris à la nage

C'est en souvenir de cette course mythique que deux anciens nageurs olympiques, Laurent Neuville et Stephan Caron, ont créé en 2012 l'Open Swim Stars. Cette association devait organiser cette année-là la première grande course de nage dans la Seine. Mais c'est tombé à l'eau.

"Tout a basculé du jour au lendemain: on était prêts, on avait les autorisations et les avis favorables. Mais quelques mois avant la course, un nouveau préfet de Paris a été nommé et a interdit la baignade dans le fleuve", se souvient Laurent Neuville.

L'Open Swim Harmonie Mutuelle de Paris a malgré tout lieu chaque année dans le bassin de la Villette depuis ce faux pas. Et reste avec ses plus de 1.000 inscrits chaque année un des plus importants événements de nage en eau libre grand public, derrière le Défi de Monte-Cristo à Marseille.

Mais la réouverture de la Seine à la baignade à partir du 5 juillet pourrait faire évoluer les choses. Dès le lendemain et pour la première fois, l'Open Swim de Paris aura bien lieu dans le fleuve. "Ce sera moins ambitieux que ce qu'on prévoyait il y a 13 ans", concède Laurent Neuville.

La compétition aura lieu dans le bras Marie, un des trois sites de baignade naturelle prévus par la mairie de Paris. Un espace restreint, qui limite à 600 le nombre de participants. "Mais on a bon espoir que dès l'année prochaine on puisse faire une épreuve plus longue, et rendre cette course chaque année plus populaire", promet l'ancien nageur.

Un "Aquathlon" en août

Cet événement dans la Seine affiche quasiment complet. Mais si vous tenez à tout prix à faire une compétition loisir dans le fleuve, une autre course va être organisée cet été: le tout premier Aquathlon de Paris, organisé par la Ligue Île-de-France de Triathlon. Six différentes épreuves avec 300 participants chacune (donc 1.800 participants en tout) réparties entre les 30 et 31 août, avec nage dans le bassin de Grenelle et course sur l'île aux Cygnes, dans le 7e arrondissement.

C'est le président de la Ligue Thierry Sammut qui a proposé à la mairie d'organiser cet Aquathlon. "Anne Hidalgo a été complètement enthousiaste à l'idée de lancer un tel événement pour marquer le coup de la réouverture de la Seine à la baignade". Si vous voulez participer, il ne reste plus qu'à vous inscrire... et trouver votre combinaison.

Pourquoi pas la même que celle que portait la maire de Paris lors de sa première baignade le 17 juillet 2024? Cette combinaison de la marque Orca est devenue si mythique qu'elle est exposée au musée olympique de Lausanne depuis octobre.

Arthur Quentin