Vélib', Vélo'v, VélôToulouse... Quelle ville a les meilleurs vélos en libre-service de France?

Le nouveau service Velib', géré désormais par Smovengo, n' a été déployé que dans 80 stations, contre 600 initialement prévu. - Guillaume Souvant-AFP
La nouvelle tarification de Vélib' Métropole n'est pas encore entrée en vigueur que déjà ses usagers crient au scandale. À partir du mardi 12 août, le service de vélos en libre-service de la Ville de Paris et ses communes environnantes va introduire plusieurs nouveautés tarifaires qu'il a précisées dans un communiqué.
Le principal changement va être imposé aux 190.000 Parisiens abonnés à la formule "V-Max", c'est-à-dire celle permettant de débloquer des vélos électriques. Jusque-là, ils payaient 9,30 euros par mois. Ce qui leur permettait de décrocher sans frais autant de Vélib' verts (ceux mécaniques) qu'ils voulaient. Et deux Vélib' bleus (ceux électriques) par jour. À partir du troisième, ils doivent payer 2 euros.
Mais dans quelques jours, même ces deux premières courses électriques deviendront elles-aussi payantes: 50 centimes chacune. Et ça, ça ne passe pas: "Supprimer les deux courses gratuites par jours en vélo électrique alors que rien ne fonctionne, mais vous n'avez pas honte ?", s'indigne un internaute sur X (ex Twitter).
Dans le même temps, le prix de l'abonnement V-Plus qui ne donne accès qu'aux vélos mécaniques passe de 3,10 à 4,30 euros par mois. Ce qui fait un total de 51,6 euros par an. Une hausse justifiée par "la forte inflation en 2022 et 2023", alors que ce tarif n'avait pas évolué depuis 2018.
Une hausse de prix pour améliorer le service?
Alors que beaucoup de clients estiment que la qualité du service n'est pas toujours au rendez-vous, ces modifications tarifaires sont plutôt difficiles à avaler. Entre les vélos cassés, ceux déchargés, ou tout simplement ceux introuvables car ils ont été volés. Smovengo, l'opérateur de Vélib' depuis 2018, affirme justement que ces augmentations tarifaires vont lui permettre d'améliorer le service.
Entretenir et améliorer un réseau de 1.480 stations et (quand tout va bien) 20.000 vélos demande effectivement des investissements. Mais Paris est loin d'être la seule ville à disposer d'un service de vélos en libre service. Que valent ceux des autres métropoles françaises?
Presque partout, le principe est le même. On paye un abonnement annuel (qui peut être payé comptant ou mensualisé). Qui permet de décrocher un vélo à tout moment, et de profiter généralement de la première demi-heure gratuite. Les prix des abonnements, mais aussi la qualité des vélos disponibles, fluctuent beaucoup d'une ville à l'autre. Tour de France.
Lyon: 461 stations pour 39 ou 99 euros par an
Avec Vélo'v, Lyon se présente parfois comme étant la première ville française à avoir introduit un système de vélos partagés en libre service. Cela est faux, nous verrons plus bas que Rennes a été précurseure. Néanmoins avec 348 stations et 4.000 vélos mis en place dès 2005 par le concessionnaire JC Decaux, ce service est alors le plus grand au monde. Il sera dépassé deux ans plus tard avec le lancement de Vélib'.
À son lancement, l'abonnement annuel Vélo'v ne coûte que la bagatelle de 5 euros par an. Un prix d'appel pour convaincre à l'époque les Lyonnais de se mettre au vélo. Cela a bien fonctionné. 20 ans plus tard, le service compte plus de 90.000 abonnés.
Les prix ont toutefois nettement augmenté. Depuis le 1er janvier 2025, l'abonnement d'un an au service de vélo mécanique coûte 39 euros, ou 3,25 euros par mois. Soit une inflation de près de 800% en deux décennies.
Le service s'est toutefois nettement amélioré. Bientôt le réseau comptera 461 stations, et surtout les vélos ont été progressivement remplacés par de meilleurs. En 2020 sont apparus une première génération de vélos électriques, et depuis 2025 une toute nouvelle, reconnaissable à sa couleur verte.
L'abonnement Vélo'v Plus, qui permet de décrocher ces nouveaux vélos à assistance électrique, coûte 99 euros par an ou 8,25 euros par mois. Avec, il est possible d'en prendre gratuitement pas moins de six par jour! Bien mieux donc que les deux avec Vélib'...
Toulouse: 400 stations pour 25 ou 122 euros par an
Le service VélôToulouse ressemble beaucoup à Vélo'v. Et pour cause, les services de vélo en service de la Ville rose et Lyon sont tous les deux gérés par JC Decaux et sa filiale Cyclocity. Laquelle gérait également les Vélib' parisiens jusqu'en 2018.
Mais revenons à Toulouse. Le service lancé en 2007 s'est amélioré d'année en année, passant de 60 stations à l'époque à 400 aujourd'hui. Les vélos, qui étaient restés les mêmes pendant 17 ans viennent quant à eux d'être renouvelés en août 2024. Ce sont exactement les mêmes que les nouveaux Vélo'v, seule la couleur change.
Côté prix en revanche quelques nuances. L'abonnement "Essentiel" qui ne donne accès qu'aux vélos mécaniques coûte 25,5 euros l'année, ou 2,12 euros par mois. Un tarif qui peut même être ramené à 20,5 euros, ou 1,7 euro par mois, pour ceux qui ont la carte de transport locale. Moins cher donc qu'à Lyon.
L'abonnement "Confort" en revanche, qui permet de déverrouiller sept vélos électriques par jour, est plus cher. 122,40 euros, ou 10,2 euros par mois. Prix rabaissé à 117,4 euros, ou 9,78 euros par mois, pour ceux qui ont la carte de transport.
Lille: 267 stations pour 41,50 euros
La ville de Lille qui dispose d'un système de vélos en libre service depuis 2011, V'Lille, vient elle aussi d'annoncer l'arrivée de nouveaux vélos. Ils arriveront dès septembre 2025. Mais contrairement aux villes précedemment mentionnées, ces nouveaux vélos seront uniquement mécaniques.
Il faut dire que Lille est une ville plutôt plate, avoir des vélos à assistance électrique est plus dispensable. Néanmoins, ces nouveaux vélos auront le gros avantage d'être plus légers que ceux actuels. De 24 kg, ils passent à 19 kg, ce qui en fait les plus légers de France (sans en faire un poids-plume non plus...).
Le service compte actuellement 267 stations, mais ambitionne d'atteindre les 300 d'ici 2027. Côté prix, l'abonnement d'un an est à 41,50 euros, seulement payable en une fois.
Marseille: 200 stations pour 72 euros (tout électrique)
Contrairement à Lille qui continue d'être 100% mécanique, Marseille a fait le choix radical de passer au 100% électrique. La cité phocéenne disposait depuis 2007 de vélos JC Decaux similaires aux anciens de Lyon et Toulouse. Mais en 2023, suite à un appel d'offres remporté par une autre entreprises, tous ont été remplacés.
"Le Vélo" compte donc désormais 2.000 vélos tous électriques, et répartis dans 200 stations à travers la ville. Ce qui est assez peu pour une ville aussi étendue que Marseille...
Côté prix néanmoins, c'est quasi imbattable. L'abonnement coûte 6 euros par mois avec un engagement de douze mois (donc 72 euros à l'année). Il permet d'effectuer quatre trajets de 30 minutes par jour. Au-delà, chaque course est facturée 5 centimes la minute. À noter que les Marseillais qui ont déjà un abonnement au service de transport de la ville sont même dispensés du coût de l'abonnement.
Bordeaux: 186 stations pour 30 ou 75 euros
Ici aussi des changements ont eu lieu récemment. En avril 2024 les "V3" qui avaient été mis en place en 2010 ont été remplacés par de nouveaux vélos dans Bordeaux et sa métropole. Le service a été rebaptisé "Le Vélo" comma à Marseille, et a intégré une nouvelle flotte de 2.000 vélos répartis dans 186 stations.
La moitié de ces nouvelles bicyclettes est électrique. Côté prix, il y a donc deux options. L'abonnement classique qui permet de décrocher les vélos mécaniques est à 30 euros par an. Celui électrique coûte 75 euros par an. Et contrairement à tous ceux évoqués jusque-là, il n'impose pas un nombre de décrochages limité.
Notons en plus que pour les Bordelais ayant déjà un abonnement TBM (Transports Bordeaux Métropole), l’abonnement Le Vélo classique est gratuit. Et celui électrique réduit à 45 euros.
Rennes, 55 stations pour 50 euros
Bien que moins important que tous les systèmes de vélos en libre service évoqués jusque-là, celui de Rennes mérite tout de même d'être mentionné. D'abord car c'est bien lui le premier de France et même du monde. En tout cas sous la forme que l'on connaît aujourd'hui. La Rochelle avait mené une expérience en 1976 avec des vélos disponibles pour tous, mais ce n'était pas un système avec des bornes comme de nos jours.
Dès 1998 la ville bretonne lance "Vélo à la carte", le tout premier système informatisé développé à l'époque par Clear Channel. Il compte 25 bornes depuis lesquelles on peut lire une carte que les usagers peuvent récupérer auprès des services municipaux. Et qui leur permet d'accéder gratuitement à 200 vélos.
Ce service ferme toutefois en 2009, pour laisser place à un nouveau système, "STAR, le vélo". Ce dernier a atteint les 83 stations pour presque 8.000 abonnés. Mais en 2018, une décision plutôt incongrue a été prise.
Cette année-là, alors que les adhésions stagnent, la ville décide de supprimer une trentaine de stations et d'augmenter le prix de l'abonnement. Il passait alors de 33 à 50 euros par an, et 22 à 30 euros pour les abonnés au service de transport, tarifs encore en vigueur aujourd'hui.
Cette décision était motivée à l'époque par le fait que les habitants optaient davantage pour l'offre de location longue durée que celle de vélos en libre service. Mais pour les abonéns, elle était presque aussi difficile à avaler que les hausses de tarif de Vélib' cette année...